Le festival Nuits Métis 2010
Mixte et soudé
Pour sa dix-septième édition, le festival Nuits Métis aura mobilisé, quatre mois durant sur divers ateliers, les habitants et les artistes de sa future programmation. Le jeu en aura-t-il valu la chandelle ? Oui, incontestablement.
A l’image de sa nouvelle terre d’élection (Miramas), Nuits Métis est un mélange de cultures et par conséquent de styles musicaux, proposant d’aller à la rencontre de huit nations différentes, des Comores au Maghreb en passant par la Roumanie et en faisant un léger détour par les Etats-Unis. L’un des incontournables de cet évènement, ce sont d’ailleurs les créations regroupant pour l’occasion des artistes d’horizons pluriels. La création de cette année promet d’être grandiose, puisqu’elle associe l’Américain Joe Driscoll, folkman imprégné de hip-hop, au virtuose Sékou Kouyaté, soliste de kora électrique dans l’orchestre de Ba Cissoko. Celle de l’an dernier, Accords de Cordes — regroupant des artistes algériens, français et tunisiens —, sera reconduite cette année pour trois représentations. A noter d’ailleurs que l’ensemble s’est produit dans bien d’autres lieux depuis 2009. Et les modalités du festival n’y sont pas pour rien : les Nuits Métis sont conduites dans un esprit de pérennisation, irrigant toute l’année la vie culturelle et socio-culturelle de Miramas, ce qui rejaillit sur les artistes (résidences, ateliers avec les écoles…).
La programmation fera d’ailleurs régulièrement intervenir un jeune groupe de Miramas, qui aura bénéficié d’un parrainage audacieux. Sélectionnés lors d’un tremplin, les Famous Badgers auront en effet été encadrés pendant une semaine par Jérôme Bernaudon (leader du groupe Alatoul), soit la rencontre d’une formation de punk-rock (style californien) plutôt allumée mais très jeune, avec un artiste de chanson française chevronné. Le reste de la programmation s’avère également de qualité, proposant là encore de multiples mélanges de genres. Ici, la harpe celtique de Katell Boisneau qui fusionne avec les musiques traditionnelles et modernes du Guinéen Prince Abdou. Là, Papet J, ancien MC des Massilia Sound System, qu’on retrouve accolé à Rit, homme orchestre qui proposait déjà un alliage blues-rock/ragga. La curiosité et les moyens déployés, ainsi que la convivialité du site (au bord d’un plan d’eau), devraient contrebalancer les flottements que pourraient occasionner ces différents collages, tous relativement neufs. Quelques valeurs sûres seront néanmoins aussi de la partie, avec entre autres Dobet Gnahoré, une chanteuse ivoirienne traditionnelle surfant entre variétés et afrobeat — toute auréolée de son récent Grammy Award (pour un featuring sur Pearls, de la chanteuse r’n’b américaine India Arie) —, mais aussi le célèbre Guinéen Ba Cissoko, qui se produira en solo avec sa kora.
Célia Collet et Jonathan Suissa
Du 22 au 27/06 à Miramas et Istres (voir programmation détaillée dans l’agenda).
Rens. www.nuits-metis.org