Le fond de l’air effraie
Marseille, ses calanques, son port, son stade de foot. Les touristes sont enthousiastes et nous n’en sommes pas peu fiers. Mais à classer les points de chute par la qualité de leur air, le petit train ne ferait pas le détour. Plusieurs études scientifiques ont de quoi sérieusement inquiéter nos poumons ou notre peau. Greenpeace nous apprend que les stades de foot en bordure des autoroutes de la ville menacent gravement la santé des sportifs, petits et grands, en raison de la pollution au dioxyde d’azote systématiquement supérieure aux seuils européens. Ce polluant toxique dû à la circulation automobile s’avère particulièrement dangereux quand les efforts physiques nous font ingérer dix fois plus d’air. Mêlé à celui sorti des énormes moteurs des paquebots à quai du Grand port maritime de Marseille. Brûlant du fioul mille fois plus polluant que le diesel, les géants marins ne coupent jamais le contact et rejettent autant de saletés que des milliers de voitures. Et les normes de pollution du sud sont plus larges que celles du nord ! Les habitants proches en savent quelque chose. Autant que ceux de Berre ou de Fos-sur-Mer, dont les taux de cancers s’avèrent disproportionnés et la preuve de la contamination de leur sang rapportée. Les raffineries voisines ne cessent de vomir leurs résidus de pétrole dans l’atmosphère. Voilà qu’elles se mettent à l’huile de palme ! Les dépôts ont été bloqués par des agriculteurs enragés de ne plus nourrir les voitures au colza ou au tournesol, quand Total veut extraire du carburant de la palme de Malaisie. Tant son histoire que sa géographie ont fait de Marseille une ville de pauvres. Partout sur la planète, ceux-là troquent leur santé contre de la monnaie. Marseille n’a pas les moyens d’être saine.
Victor Léo