Le Grand alibi – (France – 1h33) de Pascal Bonitzer avec Matthieu Demy, Pierre Arditi, Miou-Miou…
Hercule poireaute
D’où vient ce goût récent pour les architectures sophistiquées et un brin désuètes des romans à clés, tiroirs et arme du crime dedans d’Agatha Christie ? Mystère, mais force est de constater que, malgré la sympathie que l’on peut avoir pour les cinéastes qui s’y tentent (Pascal Thomas et maintenant Pascal Bonitzer), les produits qui en découlent sont pour le moins oubliables. Alors, tant qu’à être dans le Cluedo gentiment évoqué par l’affiche moche du Grand alibi, autant y aller jusqu’au bout : qui est le vrai responsable de l’échec artistique du film ? Coupable idéal, le réalisateur Pascal Bonitzer. Encore sous le choc de l’Affaire Villemin (qu’il a co-scénarisée pour la télévision), il cherche toujours l’assassin du petit Grégory, que ne cesse d’évoquer la piscine bleu Vologne présente tout au long du film. Trop facile. Le talent pour un certain comique de l’étrange qu’il a su exprimer avec Encore et Rien sur Robert le place au-dessus de ce soupçon. Qui plus est, son Grand alibi manifeste parfois une vraie subtilité dans la citation hitchcockienne. Alors, c’est évident, le coupable c’est Pierre Arditi. Pourquoi ? Parce qu’il a fait croire pendant vingt ans qu’il était de gauche, tiens. Non, si on y va par là, Cohn-Bendit aussi serait coupable… Et puis l’effet troupe d’acteurs du film n’est pas sans délivrer un charme léger. Christie alors ? Arff, elle est morte. Ça y est. On le tient le coupable : c’est l’ennui. Ben oui, parce qu’aussi ludique que soit le jeu proposé par Bonitzer, il sonne creux. Evider le genre policier pour en faire un théâtre maniéré, c’est bien. Mais réinjecter un peu de sens à l’objet proposé, c’est encore mieux. Pour votre peine, vous me ferez la tournée des multiplexes. Ça vous fera les pieds.
Romain Carlioz