Le Marché Noir des Petites Utopies
Ciao, pantins !
Parcours, rencontres et tandems résument bien l’esprit du Marché Noir des Petites Utopies, festival de marionnettes entre déambulations, invitations de nombreuses compagnies régionales et pérennité de son duo de cofondateurs. En piste !
D’une certaine manière, la marionnette illustre bien l’idée de la paire qui est une tout en étant la somme de deux : elle ne peut se mouvoir seule, allie poésie et spectaculaire, et touche autant les grands que les petits. Elle est même à l’image de Marseille, une combinaison de traditions et de modernité, comme cherchent à le promouvoir Georgios Karakantzas et Claire Latarjet, fondateurs de la compagnie Anima Théâtre en 2003. La création d’un festival de marionnettes en 2013 est l’occasion de fêter les dix ans de la compagnie, mais aussi de remercier les artistes qui ont jalonné leurs parcours et proposent un « éventail large de possibles, de formes et d’objets avec des petits bouts de carton mal faits qui transportent d’innombrables choses. » L’objectif est aussi de changer une idée encore répandue selon laquelle l’art de la marionnette serait réservé aux enfants, et de montrer qu’il peut être « un art pauvre qui produit de grandes richesses. »
L’intitulé du festival lui-même est source d’indices pour traduire l’esprit de la compagnie. De façon anecdotique, le terme « Marché Noir » a certes été trouvé pour évoquer l’image du quartier originel de ses co-fondateurs, Noailles, mais aussi, et surtout, l’idée d’un « ensemble de choses faites avec des bouts de ficelles et avec une grande autonomie. » Et puisque l’avancée dans l’âge adulte rend difficile la conservation des grandes utopies mais permet, heureusement, d’accumuler les petites, la seconde partie du nom (Petites Utopies) coulait de source…
La deuxième édition du festival s’avère ambitieuse, avec une quinzaine de compagnies programmées pour autant de spectacles, étalés sur une semaine et en trois parcours éclectiques dans plusieurs lieux différents. Un choix qui répond notamment au succès de la précédente édition (programmée sur trois jours et dans un lieu unique), appelant à une jauge plus large. La nature de chacun des espaces choisis a été sciemment pensée, entre le Daki Ling, qui avait concentré la première édition du festival, le Théâtre Massalia, antre du jeune public, le Vidéodrome 2 pour rappeler les liens ténus avec le septième art et le Museum d’Histoire Naturelle, dont les animaux empaillés ne pouvaient que s’accommoder des bouts de chiffon des marionnettes. Et comme ces ficelles doivent bien converger vers des nœuds pour repartir de plus belle, une déambulation dans les rues du quartier Réformés Canebière clôturera le festival.
On peut faire confiance à l’imagination de Georgios et Claire, férus de cinéma fantastique, pour mitonner une manifestation aux petits oignons. Des idées pour la suite émergent déjà, par exemple des petites formes qui s’intercaleraient en appartement entre deux éditions, comme autant de « piqûres de rappel » et un moyen de se faire connaître auprès d’autres lieux de programmation potentiels. Même si rien n’est encore gagné pour la compagnie, qui propose de participer au financement du festival via la plateforme Hello Asso. Pour ne plus attendre seulement de ceux qui tirent les ficelles…
Guillaume Arias
Le Marché Noir des Petites Utopies : jusqu’au 13/12 à Marseille.
Rens. : 04 13 04 02 60 / www.animatheatre.com
Pour soutenir le festival
Le programme complet du Marché Noir des Petites Utopies ici
Le programme complet du Marché Noir des Petites Utopies ici
Bonus : Petit questionnaire proustien
Si le Festival était…
… un objet
Une valise, car les spectacles sont transportables et le Marché Noir évoque aussi La Traversée de Paris avec Bourvil.
… un personnage célèbre
George Méliès, avec ses trucages tout pourris qui marchent.
… un monstre
Le Golem, car il est animé par une idée et qu’il revient vite à la vie. On peut alors se demander à quel moment le spectateur choisit de croire à ce qu’il voit. Avec la marionnette, c’est la même chose.