Le Marché Noir des Petites Utopies
Ciao, pantins !
Marqué par un double anniversaire — ses dix ans, et les vingt ans de la compagnie Anima Théâtre, qui en est à l’origine —, le cru 2023 du Marché Noir des Petites Utopies revient célébrer la marionnette, cet « art pauvre qui produit de grandes richesses ».
Il y a deux ans, le directeur artistique du Marché Noir des Petites Utopies, Yiorgos Karankatzas, nous racontait la genèse de sa passion pour l’art de la marionnette, avec la découverte, au mitan des années 90, de Pulcinella (Polichinelle en VF), s’avouant « subjugué par le côté anti-héroïque et subversif de ce personnage, qui est contre tous les systèmes de la société que l’État érige : la police, l’administration… » Voilà qui donne le ton de la biennale, à rebours de l’idée encore trop répandue que la marionnette et le théâtre d’objet seraient réservés au jeune public : parfois, des bouts de ficelle ou de carton peuvent « transporter d’innombrables choses » ; et parmi ces choses, des idées, des revendications, une liberté d’expression que cet art multiséculaire de l’illusion est l’un des mieux à même de représenter.
Pour cette sixième édition, les pantins et les objets porteurs des utopies qui donnent leur titre à la manifestation traverseront ainsi la cité phocéenne dans des lieux ouverts aux « rêves clandestins », de la Friche La Belle de Mai au Conservatoire Pierre Barbizet, en passant par le Muséum d’Histoire Naturelle et les cinémas Le Gyptis et La Baleine.
« Nos petites utopies sont du rêve vendu à n’importe quel recoin de la ville qui veut bien les abriter, des potions miraculeuses pour guérir de la morosité et de l’apathie. Notre Marché, c’est une occasion de se retrouver ensemble et de regarder des objets et des marionnettes réinventer le monde, la vie… », affirme l’édito de la biennale cette année. À l’approche des fêtes de fin d’année, on goûterait bien un peu de cette magie loin d’être guignolesque, de ces « remèdes miracles de charlatans ambulants qui ne guérissent certainement rien du tout mais qui font rêver, voyager. »
Et c’est un beau voyage qui nous attend, majoritairement décliné en parcours de petites formes, permettant de découvrir toutes les richesses de cette discipline artistique à travers les créations d’une dizaine de compagnies. À commencer par Anima Théâtre, qui présentera son dernier-né, Laterna, parcours déambulatoire sur l’exil et le déracinement, qui s’épanouira sans nul doute dans le décor insolite du Muséum d’Histoire naturelle.
La compagnie Bakélite nous emmènera pour sa part en terrain Hostile, dans un désert brûlant où elle revisitera tous les clichés du western spaghetti, tandis que le Bob Théâtre nous projettera dans les Carpates à la rencontre du Comte Orlock, a.k.a Nosferatu, « croisement entre une chauve-souris et une gousse d’ail. »
Entre autres réjouissances, notons également une séance de ciné consacrée à l’animation en stop-motion à la Baleine, ainsi qu’une grande fête d’anniversaire(s) à la Friche orchestrée par Big Up Compagnie, avec karaoké marionnettique et boum « à l’ancienne ».
Autant de raisons, parmi d’autres, d’aller faire un tour au Marché.
CC
Le Marché Noir des Petites Utopies : du 1er au 10/12 à Marseille.
Rens. : www.animatheatre.com
Le programme complet du Marché Noir des Petites Utopies ici