Le Marseillais et la Marseillaise
Six candidats moins quatre minibus égale deuxième tour surprise. Samia Ghali et Patrick Mennucci reviendront en semaine prochaine pour pouvoir défier Jean-Claude Gaudin lors de l’élection municipale de Marseille de mars 2014. La ministre et non moins favorite de la primaire est exclue du débat, si ce n’est du gouvernement. Dura lex sed lex. Les lois de la politique locale ont eu raison de la légitimité de Madame Carlotti. Plus de 20 000 personnes ont participé au vote, un score plutôt heureux. Pas tous des clients, mais en majorité des citoyens engagés. L’épouvantail du clientélisme, penchant méridional — et national — chronique, n’a pas effrayé tant que ça. Si le thème recouvre la tendance aux petits arrangements entre amis, l’obtention d’un poste contre un vote, cela ne changera véritablement jamais. Les carrières politiques se bâtissent en exploitant ce fonds de commerce, y compris celles des candidats en lice. La pénurie des postes à offrir dans les collectivités et le non-cumul des mandats pourraient en outre en assécher les sources. Si en revanche la fin du clientélisme signifie une lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics, voilà des maux réels que les postulants devraient avoir l’ambition de traiter. En tout état de cause, un postulat de départ s’impose : pour que les clients de d’habitude ne reviennent pas, il faut virer le patron.
Ghali ou Mennucci, l’élection est ouverte. Celle de Brignoles l’était moins, « opposant » droite et extrême-droite. A ce jeu, la peur du fascisme et du racisme n’a pas rebuté grand monde et seuls les bureaux de vote acquis à la gauche ont placé la candidate républicaine en tête dans le Var. La victoire provisoire de Samia Ghali, enfant de l’immigration maghrébine, rappelle que rien n’est acquis, et que le combat reste à mener. Il y a trente ans, le 15 octobre 1983, la « Marche des beurs », mouvement pour l’égalité et contre le racisme, était partie de Marseille à quarante, et par un prompt renfort, ils se virent 100 000 en arrivant à Paris. Un message porté fièrement et des destins bouleversés. L’Italien et l’Arabe, le Marseillais et la Marseillaise, c’est ainsi chez nous et c’est pareil ailleurs ?
Victor Léo