Le Panorama des Chantiers 2013 à la Cité des Arts de la Rue

Le DIRE (1) c’est bien, mais la FAI-AR (2) c’est mieux

 

Là-haut sur la colline des Aygalades s’est posée la Cité des Arts de la Rue, territoire d’expérimentation de la discipline éponyme regroupant sept structures. Parmi elles figure le FAI-AR, un centre de formation atypique dédié à la création en espace public. Nous sommes allés à la rencontre de la quatrième promotion, célébrant à sa manière la fin d’un cursus bien rempli.

 

Loin des amphithéâtres et des cours magistraux, des blablas et des théories fumeuses, les étudiants de la FAI-AR sont plongés pendant dix-huit mois dans un bain d’aventures artistiques. Emulation, échange, collaboration, rencontres de professionnels, voyages de classe version résidentielles, élaboration d’un projet de création personnel… tout est conçu pour que les apprentis sorciers de la Cité deviennent les gourous des arts de la rue de demain. Fin de parcours, les créateurs en herbe présentent leurs travaux pendant cinq jours d’échanges et de rencontres (3). Ce Panorama des chantiers revêt quatre formes ouvertes au public : le Forum, où chacun expose son univers artistique via une installation visuelle, un dossier de présentation de son projet, un grand oral devant un jury, et enfin le Reflet, expérimentation des créations en situation réelle. Fil rouge de la formation, c’est sans doute la partie la plus plaisante du Panorama. Elle permet aux apprentis de tester leurs créations et de les confronter pour la première fois aux réactions du public, tandis que ce dernier découvre des petites formes théâtrales à différents moments du processus de création, à l’ébauche pour certaines, quasi abouties pour d’autres. Les formes sont aussi variées que l’origine géographique et les parcours artistiques des apprentis : arts plastiques, théâtre, danse, cirque, expression corporelle, création sonore, musique, vidéo… Ainsi, on a pu apprendre à mourir dans la bonne humeur grâce à L’Institut de Psychopompe-Funébrisme International, au cours d’une cérémonie mêlant séances d’épitaphes collectives et soirée salsa endiablée. On a filé Jeanne disparue et ses collègues chapeautés dans la galerie marchande de Grand Littoral en écoutant au casque son très inquiet répondeur téléphonique. On a vu une 4 L tractant une caravane emballée dans des sacs Tati contant trois histoires de pères, d’immigration et de destins. On a suivi le petit parcours intriguant des sentiments de Sung-Ah Cho hurlant dans un ampli déglingué, recevant un sac de sciure sur la tête, ou entraînée dans un duel de peinture en poudre. Bien sûr, on ne pourra pas tout raconter, mais on espère voir rapidement ces « esquisses » devenues spectacles dans les rues de Marseille, devenue paraît-il capitale culturelle. Si par malheur rien ne se passe d’ici là, rendez-vous est pris dans deux ans pour la prochaine promotion.

Yves Bouyx

 

Le Panorama des Chantiers 2013 était présenté du 12 au 16/03 à la Cité des Arts de la Rue.

Rens. www.faiar.org

Notes
  1. DIRE : Département International de Rhétorique Elucubrative : on y brasse du vent[]
  2. FAI-AR : Formation Avancée et Itinérante des Arts de la Rue. Premier centre de formation européen dédié à la création artistique en espace public. Elle propose depuis 2002 des formations professionnalisantes en itinérance dans différents lieux consacrés aux arts de la rue en France et en Europe.[]
  3. Dix années d’expériences à célébrer : outre le Panorama des Chantiers 2013, ces cinq jours d’échanges et d’expérimentations ont été marqués par une exposition de photographies (Sylvie Clidière / Arnaud Poupin) évoquant le parcours des apprentis, et par la troisième édition des Street Arts Winter Academy, rencontres européennes autour des questions de formation et de transmission dans le domaine des Arts de la Rue. Rens. www.horslesmurs.fr[]