Le syndrome du Titanic – Documentaire (France – 1h33) de Nicolas Hulot
Les maux pour le dire
Dès les premières images, Nicolas Hulot explique clairement les raisons qui l’ont conduit à réaliser ce film. Il n’ambitionne pas une énième compilation écolo-alarmiste sur l’état catastrophique de la planète, il veut juste nous parler d’homme à homme. Sans fard, il met en exergue ses peurs pour l’avenir, pour lui, pour ses enfants. Il précise aussi au passage sa position : écolo, il l’est devenu par la force des choses, pas par conviction initiale… Le syndrome du Titanic s’avère donc un récit intime, sincère et nécessaire, correspondant à l’acte citoyen d’un homme médiatique qui a évolué pour se mettre intelligemment au service de l’humain. Enfin quelqu’un prend vraiment et librement la parole, dressant un plaidoyer lucide pour tenter de ralentir un processus pas encore irréversible… Hulot n’attaque pas qu’un système capitaliste dépassé, ce que d’autres ont déjà fait. Il met en garde sur les profondes dérives humaines qui ne condamneront que l’humain lui-même. Les arguments avancés tombent sous le sens et, outre l’attention que l’on doit porter à notre manière de produire et de consommer, il ressort que si on a le désir d’endiguer un futur sinistre, une lutte réelle contre la pauvreté est impérative. De quoi peut se préoccuper un ventre vide ? La reconsidération du facteur humain, le replacement de l’homme au centre des débats, bien avant les facteurs économiques, sera l’unique solution pour un monde qui mérite mieux. Les luttes que nous livrons aujourd’hui, compte tenu d’un contexte qui ignore avec cynisme les besoins fondamentaux, semblent incontestables. Pourtant, à y regarder de près, est-il normal de se battre pour l’accès à l’éducation, à la santé, pour la sauvegarde de la Terre ? C’est pourtant ce qui se passe, perpétuellement, prouvant que l’ignorance est mère de tous les vices. Hulot et son Syndrome du Titanic ont opté pour une position inverse. Tant mieux.
Lionel Vicari