Le traité de bave et d’éternité – (France – 1950) d’Isidore Isou (Malavida)
Film essentiel, chef d’œuvre sémillant, fondateur du mouvement lettriste, Le traité de bave et d’éternité est l’un des piliers de ce mouvement d’avant-garde, qui a offert à la création du XXe siècle ses plus belles pages. Il y a là un glissement de terrain fondamental entre la matière sonore et visuelle. Cette dernière se perd dans une forme de reproduction en mouvement — qui n’est pas sans être digne d’intérêt, au demeurant —, alors que la bande son s’octroie le devant de l’image. Cette asynchronie ne laissera pas les cinéastes de la Nouvelle Vague indifférents, à commencer par Godard ou Rohmer, qui voyait dans ce film « le respectueux désir de solliciter les choses telles qu’elles sont, comme une inquiétude que tout ayant été détruit ou mis en question, il ne restât plus à l’Art rien dont il fit sa substance. »
EV