L’usine éclectique

Avec ses studios de danse et sa capacité à accueillir 300 spectateurs, l’ancienne usine électrique d’Allauch est devenue le Transformateur grâce au travail passionné de deux danseurs professionnels, Bénédicte Raffin et Jean-Charles Gil. Un lieu de résidence artistique et de rencontre, une passerelle entre le public et la création où l’accent est mis sur une approche sensible, directe et profonde du processus de travail artistique.

De leur rencontre en 2003 et de leur vision partagée de l’art comme facteur de dialogue, générateur de liens, de questionnements et de connaissances, Bénédicte Raffin et Jean-Charles Gil ont su mettre en commun leurs énergies pour mener à bien toute une séries de projets visant à décloisonner le monde de l’art, avec pour focus leur spécialité : la danse. Après avoir été le lieu d’accueil du Ballet d’Europe dont l’idée phare était l’accompagnement des jeunes danseurs professionnels, le Transformateur a, en 2013, ouvert ses portes et son horizon à un public non spécialiste, désireux d’en connaître plus sur le monde artistique et de goûter aux joies de la création. Un tournant majeur dans l’histoire du lieu et celle de l’association, qui s’est lancée depuis dans une séries de projets de sensibilisation, via des actions éducatives de proximité et l’ouverture à des pratiques de danse amateur.
Les actions développés au sein du Transformateur s’articulent autour de quatre pôles : « Danse et création », « Les Mardis du Transfo », « 1, 2, 3 Dansez » et une action spécifique ayant lieu chaque année. « Danse et Création » se fait en collaboration avec les enseignants d’établissement scolaires de la région souhaitant organiser dans le cadre de leurs programmes pédagogiques annuels des interventions régulières autour d’une thématique artistique. Les enfants sont alors immergés dans le processus créatif, en contact direct avec un environnement de travail et de réflexion utilisé au quotidien par des artistes en résidence. De cette expérience stimulante a résulté cette année une exposition d’art visuel élaborée par les enfants eux-mêmes autour de la notion de répertoire, thème exploré lors d’ateliers encadrés par Jean-Charles Gil. Cette exposition, encore visible jusqu’à fin juin, est venue clôturer le travail d’étude et de réinterprétation de l’œuvre Au cœur de Folavi, l’une des toutes dernières pièces du chorégraphe, à la fois tonique et légère, qui nous parle de cosmos, de la vie en lien avec les astres, de Venise et Vivaldi.
Lors des « Mardis du Transfo », un artiste en résidence est invité à communiquer et à faire état de ses recherches en cours en engageant le dialogue sensible sous la forme de son choix et selon l’état d’avancée du moment. Dernièrement, l’artiste Samir El Yamni a ainsi proposé un travail autour de la qualité du mouvement auprès des écoliers d’une classe de CE2, qui par la suite sont allés jusqu’à se produire sur scène lors de la représentation de sa toute nouvelle pièce, Fluxus. Ainsi, dans la pratique, l’expérience engagée au cours des ateliers dépasse-t-elle largement le cadre d’un simple stage d’enseignement théorique et pratique pour devenir un véritable laboratoire créatif aux résultats parfois inattendus.
Les publics non scolaires ne sont pas laissés pour compte, puisque adultes et adolescents des communes riveraines qui souhaitent donner libre cours à leur envie d’investissement au sein de projets participatifs sont aussi les bienvenus. C’est dans cette optique que le groupe Danse Amateur Intergénération a vu le jour. Par ailleurs, avec le dispositif « 1, 2, 3 Danser », le Transformateur s’est fait le médiateur et interlocuteur des associations, écoles de danse et conservatoires désireux de répéter ou produire leurs spectacles dans des conditions optimales et de bénéficier par la même occasion d’un regard artistique et du savoir-faire professionnel dispensés par l’équipe du Transformateur.
Après l’été, le Transformateur reprendra ses nombreuses activités, avec notamment un projet de transmission autour de la pièce Barouf, création issue d’une collaboration de Jean-Charles Gil et Spiky the Machinist. Cette pièce, qui associe ballet et improvisations aux platines, sera interprétée par deux danseurs, le Tchèque Simon Kuban et l’Espagnol Jorge Calderon. Elle est inspirée des attentats de Boston et s’annonce quelque peu renversante. Elle sera présentée en décembre prochain à tous les curieux et amoureux de danse, de 7 à 77 ans, qui, faute de connaître les coulisses de la création, aiment à se délecter avec les fruits d’un travail fini.

Morgane Lagorce

Le Transformateur : 5 avenue Général de Gaulle, Allauch.
Rens. : 04 96 13 01 12 / www.balletdeurope.org