Sur le pont du Titanic retentissait la musique d’un orchestre enthousiaste. Le sémillant comédien Christophe Alévêque organisait ce week-end la première Fête de la dette, « au monde ». Histoire de rire de la chute sans cesse annoncée dans les enfers du découvert. Et surtout de dénoncer les idées reçues. Non, le déficit public ne provient pas de dépenses excessives de l’Etat sur le mode « Nous vivons au-dessus de nos moyens ». La part des dépenses publiques dans le PIB a baissé sur les trente dernières années. La dette a principalement deux origines : la baisse des recettes, c’est-à-dire la baisse des impôts des plus riches et des entreprises que l’Etat a décidée au gré des « alternances » et des politiques fiscales, et les taux d’intérêts excessifs auxquels il s’est financé, mettant à profit l’adage « dette publique, richesse privée. » Le CAC, collectif pour un audit citoyen de la dette, a réalisé cette étude économique selon laquelle les mauvais choix politiques sont en majeure partie responsables et que la voie étroite de la « seule politique économique possible » de l’austérité est un leurre. Ses rédacteurs proposent ainsi des solutions. Annuler tout ou partie de la dette illégitime : une grande partie de cette dernière provient des années 1990 et d’une spéculation qui a pesé lourd dans nos finances au moment du passage à l’euro. Ils suggèrent également que l’Etat s’intéresse de plus près aux détenteurs de la dette. Qui sont nos créanciers ? Dans quelles poches partent les 50 milliards d’euros par an d’intérêts et les 100 milliards de remboursements ? L’Agence France Trésor émet des titres (les joliment nommés bons du Trésor), mais se trouve incapable de savoir qui les achète et qui elle rembourse ! Avant de sombrer, on aimerait pouvoir les regarder, les yeux dans les yeux, et leur dire : « pauvres cons ».
Victor Léo