Entre cinéma d’animation destiné aux plus petits et cinéma expérimental ou d’avant garde, il n’y a qu’un pas, que n’hésite pas à franchir avec bonheur l’équipe de Fotokino, qui nous propose courant décembre la quatrième édition de l’excellent évènement Laterna Magica.
Dans le champ de la diffusion et de la sensibilisation aux arts pour tous, Fotokino a dessiné au fil des ans un paysage champêtre où les chemins de traverse se répondent, où chacun peut butiner avec délectation, à son rythme, les mille saveurs d’une programmation toujours plus pertinente. Le jeune public, auquel s’adresse souvent l’association, n’est ici pas le seul concerné : la quatrième édition de Laterna Magica, cette manifestation polymorphe et éclatée, effeuille tel un flip book les formes d’expression visuelle les plus poétiques, les plus sensitives, voire les plus expérimentales. L’image en mouvement comme essence de l’art, du cinéma. Côté écran, la programmation revient sur les artistes les plus incontournables de la création cinématographique, faisant parfois office de rattrapage. Proposer de (re)voir Sa majesté des mouches de Peter Brook, le Nanouk de Flaherty, L’été de Kikujiro du maître Kitano, Le bonheur de Medvedkine ou les petits bijoux d’animation de Frédéric Back n’est certes pas une révolution en soi, mais reste un tel moment de bonheur dans la vie d’un spectateur que nous ne bouderons pas notre plaisir ! Du coup, l’incursion dans le cinéma expérimental devient pertinente, au regard des films sélectionnés : présenter Rivers and Tides, documentaire inspiré sur l’extraordinaire travail du plasticien écossais Andy Goldsworthy, la sublime Nuit sur le mont chauve d’Alexandre Alexeieff ou le protéiforme Au bord du lac de Patrick Bokanowski, au cœur d’un évènement s’adressant originellement aux plus petits, tient du trait de génie. Ce dernier choix fait d’ailleurs partie d’une carte blanche particulièrement inspirée offerte à la Cinémathèque Française. On y trouve les plus inédites des découvertes de cette édition : un court-métrage de l’immense Georges Franju, La première nuit, et un vingt-quatre minutes de l’un des plus attachants réalisateurs de l’histoire du cinéma français : le « maine-océanien » Jacques Rozier, qui nous présente sa Rentrée des classes. Fotokino saupoudre le tout d’une myriade de petites formes ludiques, haïkus d’animation destinés à tous âges, et l’une des plus belles réponses sur la vitalité du genre. Parallèlement, l’équipe a mis l’accent sur un florilège de partenariats divers, d’expositions et d’ateliers. C’est au sein de ces derniers que la fougue créatrice et expérimentale de nos bambins pourra en toute liberté s’exprimer, leur permettant ainsi de pénétrer les mystères de l’image animée, de la création de peintures animées au grattage sur pellicule.
Sellan
Du 5 au 23/12 au Variétés et dans d’autres lieux de la ville. Rens. 09 50 38 41 68