L’Entretien | 3ème Oeil
3ème Œil fête les vingt ans de son premier album Hier, Aujourd’hui, Demain. Deux concerts évènements sont prévus pour l’occasion : l’un à Marseille à l’Espace Julien, le 18 octobre, l’autre à Paris au Nouveau Casino, le 7 novembre. Nous avons eu le plaisir de rencontrer Mombi, l’un des deux MC du groupe, et en avons profité pour lui poser quelques questions.
Qu’est ce que ça fait de fêter les vingt ans de son premier album ?
Une fierté pour nous. Vingt ans plus tard, il y a encore des gens qui écoutent cet album. Il a marqué une génération, il nous a marqués nous-mêmes. Parce que c’est le premier album qu’on faisait dans notre vie, parce qu’on se retrouvait dans de vrais studios, avec une vraie direction artistique. Aujourd’hui, on vient partager ces vingt belles années qu’on a passées avec le public. Il y a plein de nostalgiques, plein de gens qui on écouté cette époque. Vingt ans, c’est spécifique dans une carrière, ça veut dire beaucoup. Deux décennies et on est encore là, on parle encore de nous, notre musique existe encore, donc on se devait de le fêter.
Vous êtes des monuments du hip-hop français, vous avez tourné avec les plus grands, et en faites partie. Préparez-vous quelques surprises pour votre concert marseillais ?
Oui, justement. Ce sera une grande fête avec pleins d’invités, avec tous les gens qui ont gravité autour de nous pendant ces vingt ans. Il y aura aussi des surprises, de belles surprises. On veut faire de cet événement une fête, un partage. Ce sera un moment avec le public, les invités, avec le changement, les années et tout ce que ça comporte.
Paris et Marseille, pas d’autres dates prévues ?
Pour l’instant oui, Paris et Marseille. Pour nous, c’est capital : Paris, c’est la capitale, Marseille, c’est notre capitale. On se devait de jouer dans les deux villes pour marquer le coup.
Hier, aujourd’hui ou demain ?
Il faut aller de l’avant, on choisirait demain. Le meilleur reste à venir. Là, on prépare un nouvel album qui arrivera en début d’année. On clôture le premier chapitre, on passe au deuxième. Ce projet est fini à 90 %. Il y aura dans cet album quelques featurings. Par exemple avec RedK, Davodka ou Demi-Portion. Il va être lourd !
Quand pensez-vous de la scène rap marseillaise d’aujourd’hui ?
J’entends beaucoup de gens critiquer la scène rap d’aujourd’hui, mais on ne peut pas critiquer une époque, il faut vivre avec son temps. La scène rap marseillaise dans le paysage musical existe aussi à travers des artistes comme Jul ou Naps. Qu’on le veuille ou pas, ils nous mettent en haut. Il y en a certains qui sont encore réfractaires parce qu’ils ne se reconnaissent pas dedans, je peux le comprendre, ils sont plus âgés. Mais ces artistes-là touchent une génération qui est celle d’aujourd’hui et ils vendent des disques. Ça met Marseille au sommet, elle se porte bien, la musique, en ce moment. Le rap en lui-même a évolué, il reflète la société d’aujourd’hui. Moi, je suis un chauvin, tant que ça représente Marseille, tant qu’elle est mise en haut, je soutiens.
Militants sur tous les fronts, vous êtes présents pour toutes les causes, de la rue d’Aubagne au changement climatique …
Parce que nous sommes de cette génération d’artistes engagés. On a grandi avec IAM, NTM et le Ministère Amer. C’était engagé, avant, le rap. C’en était même la base. C’était parler de ces quartiers, de ces endroits que les élus ou les élites ne veulent pas voir. Nous, on essaye de continuer à perpétuer dans ce domaine-là. Qui parlera des opprimés si ce n’est pas nous ? On a écrit des textes il y a vingt ans comme Si triste ou Hymne à la racaille qui sont encore d’actualité aujourd’hui.
Justement, vous auriez envie de dire quoi à la jeunesse d’aujourd’hui ?
Qu’elle croie en elle, qu’elle ne croie pas que tout est fermé. Qu’elle se batte pour ce qui lui revient. Il y a de l’espoir, il ne faut pas se dire que tout est foutu, que tout est perdu. C’est vrai que c’est difficile, mais ce n’est pas plus dur qu’avant, il faut se battre avec les moyens qu’on a. Qu’elle continue à essayer de militer, à sortir tout ce qu’il y a de positif dans ces quartiers. Il y a beaucoup de talents, mais on ne les met pas en avant. Il faut continuer à se battre, à croire en soi, à aller au bout de ses rêves.
C’est quoi la définition de ta vie de rêve ?
Ma vie, c’est une vie de rêve. Je ne vous mens pas. Depuis ce morceau, je vis la vie de rêve tous les jours. Je sors des albums, je fais des tournées, je vais dans tous les endroits du monde, je suis reconnu, je kiffe : c’est la vie de rêve ! Je vis mes rêves éveillés, faut dire ce qui est.
Que souhaitez-vous de mieux dans cette vie, après l’Eldorado et la une des journaux ?
Que ça aille mieux partout, qu’il y ait moins de fanatisme dans les religions, moins de cons, moins de morts. On ne changera pas le monde avec notre musique, avec nos paroles. Mais si on peut ramener un petit truc pour faire cogiter les gens, ça serait pas mal. On a besoin de réflexion aujourd’hui, ça va tellement vite que les gens n’ont plus le temps, pas de recul, ils vivent à 200 à l’heure, mais on passe a côté de plein de choses de la vie : il faut aller à l’essentiel.
Tant que le public vous suivra, vous resterez ?
Ouais ! On est des passionnés. Il n’y a pas de date de péremption dans la musique. Il n’y a pas de date limite de consommation, non ! Notre musique se consomme encore aujourd’hui, même vingt ans après. Tant qu’on aura l’amour du public, tant que les salles seront pleines, on sera là. Mais j’irai pas jusqu’à soixante ans, faut pas déconner !
Tu prendras ta retraite ?
Oui, il y a d’autres choses à faire dans la vie. Là, c’est le deuxième chapitre, on va l’écrire avec notre nouvel album. Mais après, il y a plein de choses, par exemple produire. Je ne voulais pas produire juste pour produire. Produire quelqu’un, c’est un engagement à 200 %. Avec le recul, avec l’expérience, demain je pourrai prétendre à vouloir produire quelqu’un. Sinon, je compte faire des cours de théâtre pour pouvoir faire du doublage de voix, ça me plairait bien.
Un dernier mot, pour les jeunes, les vieux, les lecteurs de Ventilo ?
Merci à tous ceux qui nous on écoutés, ceux qui nous écoutent encore et ceux qui nous écouterons.
Propos recueillis par Zac Maza
3ème Œil sera : le 18/10 à l’Espace Julien (39 cours Julien, 6e).
Renseignements : www.espace-julien.com/fr/
Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/3EMEOEILOFFICIEL
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