L’entretien | Jean-Marc Coppola
Cinq mois après sa prise de fonction, nous nous sommes entretenus avec l’adjoint à la culture de la Ville de Marseille. Réaffirmant le caractère essentiel de la culture comme « combat pour l’émancipation humaine », il insiste notamment sur le 100 % éducation artistique et culturelle, la réappropriation du patrimoine par toutes et tous, et la production de « commun » que l’action publique se doit d’impulser, encourager et accompagner.
Quelle vision avez-vous de la culture, et de la politique culturelle municipale ? L’intitulé de votre mandat — adjoint de la maire de Marseille en charge de la culture pour toutes et tous, de la création et du patrimoine culturel — semble insister sur la culture comme éducation populaire…
Adjoint au cinéma aussi… C’est anecdotique et en même temps significatif, parce que le cinéma n’était pas pris comme un art parmi d’autres, mais plutôt comme un objet d’attractivité économique et touristique. Certes, la culture peut l’être, mais ce n’est pas l’objectif essentiel.
Pour en revenir à la question initiale, la culture, c’est d’abord un combat pour l’émancipation humaine. C’est comme ça que nous la prenons puisque nous voulons vraiment aider à redonner du sens à ce qu’est la citoyenneté en tant qu’individu dans une société. Et on sait aujourd’hui combien c’est important quand on voit comment la démocratie est malmenée au niveau mondial, quand on voit un Trump qui réussit à produire 22 000 mensonges pendant son mandat… Ça vient semer le doute dans les têtes et rompre tout ce qui est commun… En France, on voit bien aussi qu’au nom de la crise sanitaire ou de la lutte contre le terrorisme, un certain nombre de valeurs communes sont déstabilisées et les libertés reculent. C’est une situation plus grave qu’il n’y paraît. Le confinement, les différents protocoles sanitaires conduisent à ce que, petit à petit, on s’habitue à ce type de société…
Et la culture doit être là pour libérer, libérer les esprits, libérer les individus pour penser la société dans laquelle nous voulons vivre. C’est un objectif primordial, surtout dans une ville aussi inégalitaire, pauvre et déchirée que Marseille, où ce que l’on peut considérer comme des richesses n’est pas le commun de tous les Marseillais et de toutes les Marseillaises.
C’est la raison pour laquelle nous prenons la culture en transversalité de toute notre politique, car nous souhaitons faire de Marseille un laboratoire, en quelque sorte ; en tout cas essayer de montrer que l’action publique est un élément essentiel et constitutif d’une société du vivre ensemble. Par exemple, on entend parler aujourd’hui — et à juste titre, je le défends — de la réouverture des librairies ; je souhaite qu’on parle aussi de la réouverture des bibliothèques, des archives, du service public, c’est-à-dire ce qui permet à certains, parce qu’ils n’en ont pas les moyens, d’accéder au savoir, à la culture, à l’information.
Il y a un tas d’objets qui ne sont pas assez connus du grand public. Les archives sont bien sûr connues des spécialistes, des professionnels, mais le grand public doit savoir qu’il peut trouver dans les archives, comme dans certains musées d’ailleurs, comme au Musée d’histoire de Marseille, les racines de son propre passé, de sa propre histoire. Notre souhait, c’est que cette réappropriation, à l’instar de la réappropriation des espaces publics comme lieux communs, contribue à un engagement des Marseillaises et des Marseillais pour participer à la construction ou à la reconstruction de Marseille.
Cet intitulé est long, mais il est global et cohérent, outre le fait que les acteurs culturels apprécient d’avoir un seul élu en la matière. Ça rend la tâche lourde, mais passionnante, et très enthousiasmante.
En quoi consiste votre travail d’adjoint à la culture précisément ? Qu’avez-vous fait durant ces cinq premiers mois ?
La première tâche que je me suis fixée, c’est d’être sur le terrain, à la rencontre des acteurs culturels, qu’ils soient responsables d’associations ou directeurs et directrices de lieux culturels…
Je visite des lieux aussi ; j’en connaissais déjà beaucoup, mais pas forcément les coulisses, les tenants et les aboutissants.
Je voulais savoir quel regard ils avaient sur Marseille, ce qu’ils ont fait, leurs projets, leurs envies, parfois enfouies avec la frustration parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’écoute jusqu’ici, des envies qui aujourd’hui peuvent peut-être éclore, et grandir.
Je veux être un politique dans le sens noble du terme, à savoir créer des passerelles. Par exemple, comment se fait-il qu’il n’y ait pas plus de liens entre l’Opéra et le Conservatoire de musique ? Ce manque signifie une perte de richesse, de pistes de développement, voire de mutualisation.
Je suis très attaché au 100 % éducation artistique et culturelle. C’est très important pour moi, parce qu’il s’agit de permettre à des enfants, dont nous avons la responsabilité de zéro à onze ans, de découvrir ce que c’est qu’un art, ce qu’est la culture… pour développer la part d’imaginaire qui existe en chaque individu.
Cet objectif-là, j’en parle avec tous les acteurs culturels, en leur annonçant que ça va être une part de leur travail. Ça ne veut pas dire que rien ne se fait, mais je souhaite que ça se fasse de manière beaucoup plus massive, que ce ne soit pas expérimental… ou qu’on me dise « On reçoit des classes ». Les classes, c’est souvent du collège, du lycée. Moi je dis 0-11 ans, donc aussi des gamins qui sont en crèche. Parce que c’est dans les mille premiers jours que commence à se construire une personnalité.
Ils sont tout à fait favorables à orienter leur travail dans ce sens-là. Ça va demander du temps ; dans les autres villes qui ont fait ça, ça a pris trois, quatre ans. L’essentiel est que ça démarre pendant ce mandat.
Comment se répartit votre budget ?
Le budget est de l’ordre de 152 millions d’euros ; c’est le troisième budget après la sécurité et l’éducation, il représente 16 % du budget global. Aujourd’hui, ce qui est acté, c’est qu’il ne diminuera pas, et mon souhait est qu’il progresse un peu, surtout la part consacrée aux subventions, qui équivaut à 24 millions actuellement. Je vais me battre pour qu’il augmente de cinq millions, pour élargir le spectre à des associations culturelles qui hier n’en bénéficiaient pas pour de multiples raisons, notamment celles qui étaient marginalisées parce que leur projet ne correspondait pas à la politique alors en place.
Ça fait partie des arbitrages, même si on a plein d’autres urgences, comme l’habitat indigne, les écoles, le social… Cela dit, je pense qu’il y a une bataille politique à mener, non seulement à Marseille, mais aussi à l’échelle d’autres villes. Deux cents maires de villes de toutes tailles, dont Michèle Rubirola, ont appelé le président de la République à leur donner plus de moyens, parce qu’on a un rôle utile, indispensable, efficace sur le terrain, qui participe d’une autre vision que celle que l’État a eu ces dix dernières années, c’est-à-dire l’austérité budgétaire. L’État, aujourd’hui, au nom de la crise sanitaire, se permet de s’affranchir d’un certain nombre de règles, et c’est tant mieux. Parce que le pire est à venir, en 2021, dans tous les domaines d’activités d’ailleurs… Il va falloir venir à l’aide de nombreuses personnes et c’est le rôle de l’action publique, de la République avec toutes ses composantes, l’État mais aussi les collectivités locales. Et j’aimerais que les collectivités locales puissent s’affranchir aussi de ces règles de restrictions budgétaires pour aider. Si nous avons des moyens par l’État ou pour emprunter plus sainement, ce n’est pas pour dépenser inutilement, ça doit aller directement à l’intérêt général, à l’aide des Marseillaises et des Marseillais.
Pour augmenter nos budgets, nous ne comptons pas uniquement sur les dotations de l’État, nous réfléchissons aussi à des recettes dans la gestion d’un certain nombre de lieux. Nous cherchons par exemple à ce que l’Opéra obtienne le label « Opéra national en région ». Si on construit des partenariats intelligents avec la Région, le Département et la Métropole, même si nous sommes de sensibilités politiques différentes, c’est aussi pour que des projets puissent naître.
Comment gérez-vous les équipements culturels municipaux (Opéra, bibliothèques, musées) ? Au cours des précédentes mandatures, ces structures manquaient de personnel, ce qui entrainait des horaires hasardeux, voire des fermetures… Déjà que la ville paraît sous-équipée dans ces domaines…
On a 24 millions rien que pour l’Opéra, ça fait déjà presque un sixième du budget total. C’est un opéra municipal et c’est pour cela qu’il faut qu’on trouve un autre modèle économique. Je ne parle pas de diminuer les moyens, mais faire en sorte que l’Opéra ait un rayonnement plus important, même s’il a un rayonnement régional. Il faut essayer de renouveler les publics…
Concernant les bibliothèques et les musées, nous avons principalement deux cailloux dans la chaussure. À commencer par les ressources humaines, pas les personnels en tant que tels bien sûr, qui se mettent en quatre pour rouvrir aujourd’hui les bibliothèques dans des conditions difficiles. On manque de personnel parce que pendant des années, il n’y a pas eu de recrutement, pas même consécutifs à des départs à la retraite ! À cause de ce manque d’anticipation, on a aujourd’hui un rattrapage assez important à faire, qu’on ne pourra pas résoudre en une seule année. Il manque cent agents dans les bibliothèques pour le fonctionnement de l’existant, ce qui handicape d’autant plus la capacité de développement, alors que nous avons à peu près dix projets de créations de bibliothèques, ce qui permettrait d’irriguer l’ensemble du territoire marseillais…
Il manque des agents donc, il manque de compétences aussi : on a besoin de gens qualifiés, de cadres ! C’est d’ailleurs assez notable dans les bibliothèques, où on a un cadre A pour une bibliothèque, là où il en faudrait deux ou trois…
C’est l’absence de vraie politique de développement de la lecture publique qui a entraîné cela. C’est paradoxal parce qu’on a voté en 2016 une délibération sur le sujet, mais elle n’a pas été accompagnée des moyens humains, matériels et financiers. Tout cela a contribué à en démotiver certains, des cadres sont partis… Et aujourd’hui, il faut rendre tout ça plus attractif.
Dans les bibliothèques, il s’agit de réintéresser à la lecture, mais pas que… ce sont aussi des lieux d’animations. Il faut recréer des spirales de développement, d’envie, de désir… C’est ça aussi la passion de la politique, remettre en route des spirales vertueuses.
Vous avez d’ailleurs évoqué, dans le programme du Printemps Marseillais, la création de maisons de la culture avec une bibliothèque dans chaque arrondissement de la ville, ainsi qu’une maison du hip-hop. Où en sont ces projets ?
Nous avons des projets, et certains existaient déjà : des études pour l’ouverture de bibliothèques ont été réalisées, à Bougainville par exemple, et un peu partout d’ailleurs.
En alternative, nous voulons aussi développer, et sans attendre, parce que c’est plus rapide, moins coûteux et tout aussi efficace, des bibliothèques hors les murs, des systèmes qui existent… Quand, en 2004, la municipalité a stoppé le système des bibliobus pour essayer de récupérer quelques agents pour les mettre dans les murs, on a privé la possibilité que la lecture aille chez les gens, en bas des cités, dans les entreprises…
Il y a des tas de projets très intéressants et peu coûteux qui pourraient très rapidement permettre le développement de la lecture. Notre projet n’est pas forcément de monter des murs… Bien sûr, on a Salim-Hatubou (la médiathèque qui a ouvert mi-octobre à Saint-Antoine, sur le plateau du Plan d’Aou. Il s’agit du premier équipement de ce type inauguré à Marseille depuis quinze ans, ndlr), s’il y en avait d’autres comme ça, ce serait mieux. Mais il y a d’autres priorités aussi…
Concernant la maison du hip-hop, c’était en effet dans le programme, et je me suis saisi du documentaire D’IAM à Jul, Marseille capitale rap de Gilles Rof et Daarwin. J’ai rencontré des acteurs, des rappeurs… et je leur ai dit : « On part de la page blanche, mais ne pensez pas que nous voulons vous enfermer entre quatre murs et un toit, vous institutionnaliser… » Mais, et même s’il y a déjà des lieux dédiés que je ne dénigre pas du tout, comme l’Affranchi, et que la plupart des rappeurs se sont développés tout seuls, il faut une reconnaissance institutionnelle des cultures urbaines, c’est la moindre des choses après trente ans de rap à Marseille.
Dans le programme du Printemps Marseillais, vous avez également prévu des Assises de la culture. Qu’en est-il ?
Entre l’état des lieux et quelques sujets qu’il faut traiter « à chaud » chaque semaine, ça commence à prendre corps. Nous avons organisé récemment une rencontre en visio sur la réappropriation de l’espace public avec Pierre Sauvageot de Lieux Publics, Valérie Manteau et un certain nombre d’acteurs très intéressants de l’éducation populaire, des centres sociaux…
Ça converge avec ce que je souhaiterais, c’est-à-dire des rencontres mensuelles dans des lieux pas forcément culturels, des écoles, des hôpitaux, des centres d’hébergement… où les acteurs culturels rencontreraient des publics éloignés, pour partager un peu de commun.
Nous travaillerons principalement autour de deux axes, le 100 % éducation artistique et culturelle, et le patrimoine culturel, pour que les Marseillaises et les Marseillais se réapproprient leur histoire et construisent leur avenir…
Si on pouvait faire une rencontre par mois tout au long de 2021, ça aurait de la gueule déjà. Je préfère ça à construire une année type MP 2013…
La mairie a lancé une étude de faisabilité pour la création d’un pôle de création audiovisuelle dans les anciens abattoirs de Saint-Louis. Où en est-on ?
(Il rit) Ça fait discuter, cette question, pour plusieurs raisons. Il faut savoir qu’une précédente étude avait été lancée en 2017-2018, qui avait coûté 90 000 euros — et ce n’est pas rien ; pendant cette période, on peut faire beaucoup de choses avec cela, dans le social, dans les écoles… Et là, le service « économie » relance cette étude. Mais à aucun moment il n’a été question de culture ! Et pour tous les acteurs de la filière cinéma, ce n’est pas une priorité.
D’autres besoins plus urgents et moins coûteux s’expriment, comme des lieux de résidences d’écriture, ou des lieux de tournage puisqu’on a fermé, par mesure de sécurité, la caserne d’Aurelle.
Donc aujourd’hui, on en est au stade des discussions, de l’arbitrage, mais j’espère que ça n’ira pas trop loin, parce que l’argent utilisé pour les études serait utile pour mettre en sécurité des lieux de tournage alternatifs à la caserne d’Aurelle.
Votre première mesure a été la gratuité des collections permanentes des musées municipaux à partir de janvier, témoignant d’une forte dimension d’éducation populaire dans votre vision. Quelles autres mesures envisagez-vous d’adopter pour amener tous les publics vers la culture et les arts ?
Je n’ai pas encore complètement la clé, mais la question de la médiation me semble essentielle. On a un incroyable déficit de communication autour des pépites qui existent ici ! J’ai beaucoup entendu des phrases du type « On est les premiers en France », « On est les seuls à faire ça »… Mais ça ne se sait pas, ça ne se voit pas ! Il ne s’agit bien sûr pas de dire « On est les plus beaux, on est les plus forts », mais de faire connaître nos atouts, et de les utiliser pour être à la portée de toutes et tous.
Je suis allé au Couvent Levat, j’y ai découvert des tas d’artistes issus des Beaux-Arts notamment, des jeunes qui créent, qui émergent. Il faut montrer cette richesse pour dégager un peu d’estime de soi à l’échelle de la ville, dire que Marseille, ce n’est pas simplement des règlements de compte…
Le collège Barnier, situé entre la Bricarde et la Castellane, a plein de projets culturels par exemple, ils ont des classes de cirque… C’est à valoriser ! Ces quartiers-là, ce n’est pas que le deal, le trafic, il y a des jeunes qui font des choses fabuleuses qu’il faut mettre en avant !
Vous parliez du Couvent Levat. Le bail de l’association Juxtapoz est censé prendre fin très prochainement…
Aujourd’hui, l’association Juxtapoz est maintenue dans les murs. C’est un sujet dont nous discutons avec ma collègue Mathilde Chaboche (adjointe à l’urbanisme, ndlr), afin de pérenniser le lieu.
Puisqu’on en est à prendre des nouvelles des structures culturelles, quid du TCM de Jean-Pascal Mouthier, qui a écrit récemment à la maire pour alerter sur sa situation(1) ?
La maire a bien reçu la lettre et souhaite que nous trouvions une solution. Je pense que la principale réponse au problème auquel Jean-Pascal Mouthier est confronté dans l’urgence, c’est l’arrêt de toutes les poursuites du diocèse.
Après, offrir un lieu à Jean-Pascal Mouthier dans l’état actuel des choses, avec la fragilité des petits lieux, ce ne serait pas responsable, ce serait l’envoyer dans le mur.
Je souhaite donc que la maire, tous les élus concernés et moi-même rencontrions Jean-Marc Aveline (l’Archevêque de Marseille depuis août 2019, ndlr) afin qu’il arrête cet acharnement judiciaire. Je pense que le diocèse est capable de ce geste, surtout dans cette période.
Justement, vous commencez votre mandat en pleine pandémie, alors que la culture est extrêmement mise à mal. Par exemple, les théâtres de quartiers marseillais vous ont appelés, vous et la Métropole, à les aider en urgence. Comment accompagnez-vous les acteurs culturels pendant la crise sanitaire ?
Quand j’ai rencontré les représentants des seize théâtres qui ont demandé la création d’un fonds de 4 millions, à l’instar de ce qui avait été fait à Lyon et Nice, je leur ai dit tout de go qu’on était dans l’incapacité de créer ce fonds, notamment parce qu’on a mis la priorité sur le social, la solidarité, le logement… Mais aussi parce que Marseille n’est pas spécialement bien dotée, et que les fonds d’urgence créés à Lyon et Nice l’ont été avec la métropole…
Par contre, on ne va pas fuir nos responsabilités, et je propose donc de commencer par organiser une table ronde, sous l’égide du Préfet, avec des représentants de l’État, de la Ville bien sûr, et l’ensemble des acteurs.
C’est aussi une manière de savoir ce que font les uns et les autres, car entre les annonces — qui sont parfois des effets d’annonce, y compris de l’État — et la réalité des aides qui parviennent aux acteurs, il n’y a pas une grande visibilité.
Michèle Rubirola a fait cette proposition au Préfet, qui s’est montré ouvert à la question. On va pousser de manière à ce que ça se concrétise au plus vite ; il faut que la solution soit collective, chacun avec ses compétences et ses moyens.
Comment pensez-vous, une fois la crise passée, valoriser le riche tissu associatif qui fait beaucoup pour la culture dans notre ville ? Le 13 novembre dernier, la maire a annoncé une subvention de 500 000 euros pour les petites structures culturelles…
Déjà, il faut mettre les choses à plat, établir des critères pour qu’il y ait de la transparence, parce qu’il pourrait nous être reproché de favoriser untel ou unetelle…
Après, il faut dire qu’un sixième du budget de la culture va déjà aux associations et leur permet de faire ce travail essentiel, d’intérêt général, qu’il faut impérativement valoriser. Dans le milieu culturel en tout cas, ils ont presque permis à eux seuls de compenser les manquements de l’État qui, depuis 2002, a reculé sur l’éducation populaire. En 2017, Boris Cyrulnik disait : « Si nous sommes non pas dans un recul de société, mais dans un recul de civilisation, c’est parce que notre pays a reculé sur l’éducation populaire. »
Moi je souhaite retrouver ça, on y travaille avec Marie Batoux (adjointe l’Éducation populaire, ndlr). On le fait avec nos petits moyens à Marseille, mais ça ne remplace pas le rôle de l’État, qui s’est complètement désengagé.
Propos recueillis par Cynthia Cucchi
Notes
- Le TCM – Théâtre de la Comédie Marseille, dirigé par Jean-Pascal Mouthier, était, à sa réouverture en mai 2013, le plus ancien théâtre en activité de la cité phocéenne. Fin 2014, le diocèse de Marseille, propriétaire des lieux, demande l’expulsion de Jean-Pascal Mouthier et la fermeture du théâtre. Malgré cette épée de Damoclès et l’absence de soutien de la mairie, les activités du théâtre reprennent malgré tout. Jusqu’en mars 2019, date à laquelle l’archevêché réitère sa demande d’expulsion, réclamant également 135 000 € au directeur du TCM.[↩]