Les Ateliers Jeanne Barret © Damien Boeuf
Les Ateliers Jeanne Barret © Damien Boeuf

C’est arrivé près de chez vous | Les Ateliers Jeanne Barret

Le cas Barret

 

« Un lieu d’exposition, de production et de création artistique dans une approche écosophique et pluridisciplinaire, en lien avec son quartier » : c’est en ces termes que s’introduisent les Ateliers Jeanne Barret. Une fois les présentations faites, le collectif Circulaire, à l’initiative du projet, a démarré l’aventure en cédant le passage au public. Ainsi, la programmation de cet espace transitoire se déroulera tout au long des travaux.

 

 

Fin 2018, le plus grand plan d’urbanisation d’Europe, Euroméditerranée, lance MOVE, un appel à porteurs de projets pour occuper des espaces transitoires le temps de leur mise à disposition. Sous l’impulsion du projet Archist de l’association Art-Cade (Galerie des Grands Bains Douches de la Plaines) qui, depuis une dizaine d’années, met en dialogue les différentes pratiques d’artistes, architectes et paysagistes autour du matériau commun de la ville, le collectif Circulaire est né. Créé en réponse à l’appel de MOVE, il rassemble treize artistes architectes et paysagistes du territoire, et treize structures intervenant dans le large champ des arts visuels, du spectacle vivant et du cinéma. Tous présentaient ce besoin commun d’outils et d’espace afin de pouvoir déployer leur activité dans le quartier. Il faut dire que les espaces de productions artistiques manquent à la ville : Marseille doit faire face depuis quelques années à une demande exponentielle d’espaces de production de la part des artistes, tandis que seulement une dizaine d’ateliers d’artistes municipaux sont mis à disposition par la ville.

Retenus parmi les lauréats de l’appel, les Ateliers Jeanne Barret auront donc à disposition plus de 1 000 m² de terrains d’expérimentations et de productions artistiques. Une gemme brute prenant pied entre les bâtis de la zone abandonnée des Crottes. Les ateliers hébergent des associations solidaires et ouvertes sur le quartier comme les Compagnons Bâtisseurs, une structure intervenant depuis une vingtaine d’années au sein de logements insalubres. Certains citoyens se trouvant dans l’incapacité financière de faire appel à des entreprises tierces pour réaliser leurs travaux de réhabilitation, les Compagnons Bâtisseurs leur offrent la possibilité d’intervenir entre leurs murs tout en leur garantissant leur propre autonomie au travers de formations à l’électricité et aux outils du quotidien. 
Les travaux sur le lieu ont quant à eux pris d’emblée la forme d’un immense chantier collectif, vivant, mouvant et ponctuellement accueillant, au cours duquel on travaille de manière collaborative : chaque personne investie dans le projet est invitée, selon ses compétences, à mettre la main à la pâte. Si elle le souhaite, elle pourra même récréer le comptoir et le mobilier du lieu. L’ouverture vers l’extérieur a été immédiate, et les stridulations de la perceuse alternent depuis avec les scandements rythmiques réconfortants de la musique. C’est donc entre palettes et paillettes que la journée d’inauguration du 10 octobre dernier s’est tenue, tout en fédérant performances sonores et dj sets. Et Jeanne Barret a d’ores et déjà prévu de rouvrir ses portes : une nouvelle invitation est lancée pour le 28 novembre, date à laquelle des travaux des membres des ateliers seront présentés au public. Jeanne Barret, dans les clous sans vraiment l’être donc…

 

Elena Salougamian

 

Ateliers Jeanne Barret , 5 boulevard Sévigné, Marseille 15e

Rens. : www.facebook.com/ateliersjeannebarret/

 

Les Ateliers Jeanne Barret lors de la journée d’inauguration © Damien Boeuf

 

Qui es-tu, Jeanne Barret ?

 

Jeanne Barret est connue pour avoir été la première femme à avoir fait le tour du monde. Issue d’un milieu paysan bourguignon, elle rencontre le botaniste Philibert Commerson à l’âge de 24 ans. Elle devient sa gouvernante, puis sa collaboratrice et maitresse.

Elle aide Philibert Commerson dans ses recherches et, en 1767, ils embarquent pour le premier tour du monde organisé par la Marine royale. Les femmes ne pouvant pas être membre d’un équipage, elle se travestit et se fait passer pour le valet de Philibert. Ils finissent leur expédition à Port-Louis (Maurice), où Philibert Commerson décède en 1773. Jeanne Barret ouvre alors un cabaret, avant de se marier à un officier de marine, puis rentre en France, bouclant ainsi son tour du monde.

L’histoire raconte que Philibert Commerson et Jeanne Barret auraient découvert le bougainvillier en Amérique du Sud, nommant la plante ainsi en hommage à Louis-Antoine de Bougainville qui commandait l’expédition.

Voilà qui explique le nom de baptême des ateliers, en guise de clin d’œil à cette aventurière : ils se situent dans le quartier Bougainville…

dB

 

 

Les Ateliers Jeanne Barret lors de la journée d’inauguration © Damien Boeuf