Les Automnales Flamencas
Trois questions à…
Cendryne Roé (Nomades Kultur)
En pleine pandémie, le festival phare de l’art flamenco dirigé par Juan Carmona qu’est les Nuits Flamencas se mue en une version plus intime et modeste : les Automnales Flamencas. Suite au succès de la première édition, cette proposition devient un prolongement du gros événement estival. Cendryne Roé, manageuse chez Nomades Kultur, nous en parle.
Comment retranscrire la chaleur et l’énergie intrinsèques aux soirées flamencas à l’automne, en intérieur?
Ce n’est pas le même événement, il n’est pas conçu de la même façon. Les Automnales sont plus intimistes, dans l’écrin chaleureux du Théâtre Comœdia, où nous programmons les spectacles à la fois sur la grande scène pour les têtes de affiche, et dans le cabaret pour les artistes de la région. L’idée est justement de retrouver la chaleur des tablaos andalous grâce à la proximité des artistes avec le public. Les Nuits Flamencas sont un événement de plus grande envergure avec une jauge pouvant aller jusqu’à à trois mille personnes par soir, alors que le Théâtre peut accueillir 450 personnes, et le cabaret seulement cent. Cela apporte un côté presque exclusif dans la relation artiste/spectateur. L’ambiance des tablaos est toujours festive avec tapas et sangria proposées, ainsi que la possibilité pour le public de danser la sévillane. Les deux événements ont en commun l’âme passionnée qu’on y apporte en tant qu’organisateurs et qui se ressent dans l’accueil du public, ainsi que la qualité des spectacles, qui est notre marque de fabrique, avec une programmation de haut niveau mais jamais élitiste. Notre directeur artistique Juan Carmona programme aussi bien des stars internationales du flamenco que des découvertes de la nouvelle scène flamenca. Nous mettons un point d’honneur à programmer aussi les excellents artistes flamenco de la région.
Danse et musique sont évidemment liées lors des deux soirées du festival, comme inévitablement dans l’art flamenco. Parlez-nous des danseurs et musiciens invités.
Pour les artistes régionaux, Juan Carmona a invité le superbe danseur Josele Miranda et son cuadro, accompagnés de la danseuse Isabelle Gazquez et d’un jeune prodige. Pour l’international, la danseuse sévillane Ana Almagro, qui vient tout juste d’intégrer le Ballet national d’Espagne, se produira le samedi avec sa compagnie. Elle présentera en exclusivité pour les Automnales sa toute nouvelle création, une pièce pour deux danseurs avec musiciens et chanteurs flamencos venues d’Espagne à la croisée des flamencos contemporain et traditionnel. Des master classes pour débutants et intermédiaires seront aussi organisées.
Vous avez un public très fidèle et averti. Comment décririez-vous l’essence de votre festival et l’énergie unique que cet art historique porte ?
Je ne dirais pas « averti », car le festival se veut populaire et non élitiste. Le fait que le festival dans sa version estivale soit le seul festival flamenco international gratuit en France le montre bien. Notre démarche est de décloisonner les publics et de démocratiser cet art pour présenter tout l’éventail de l’art andalou souvent méconnu ou ramené à des clichés.
L’édition aubagnaise célébrera en 2023 son huitième anniversaire avec un public qui ne cesse de s’élargir. Je pense que le public fait surtout confiance à notre directeur artistique Juan Carmona, qui est le pilier et l’essence même du festival.
Le flamenco est un art qui te touche au plus profond, cela se ressent dans les témoignages des spectateurs qui ne sont pas tous des aficionados et nous parlent de « claque » lors des spectacles. Même sans détenir les codes, on comprend que quelque chose d’unique se passe. C’est ça, l’« énergie unique ».
Propos recueillis par Lucie Ponthieux Bertram
Les Automnales Flamencas : les 2 et 3/12 au Théâtre Comoedia (Aubagne).
Rens. : www.lesnuitsflamencas.fr/lesautomnalesflamencas/