LES BRIGADES DU TIGRE – (France – 2005 – 2h05) de Jérôme Cornuau avec Clovis Cornillac, Diane Kruger, Edouard Baer
Comme l’a si bien dit le — décidément — brillant présentateur des avant-premières au Capitole, « vu le nom du réalisateur, on pouvait avoir peur quant au résultat. Mais finalement non, vous verrez, il s’en est très bien sorti. » … (lire la suite)
Faire du neuf avec du vieux
Comme l’a si bien dit le — décidément — brillant présentateur des avant-premières au Capitole, « vu le nom du réalisateur, on pouvait avoir peur quant au résultat. Mais finalement non, vous verrez, il s’en est très bien sorti. » En effet, Jérôme Cornuau[1], associé à la reprise d’un feuilleton populaire mou, voilà qui laissait présager deux belles heures de « télévision française ». J’entends d’ici les « Alors, pourquoi aller le voir ? ». Les arguments du film sont aussi simples que son succès sera implacable : le feuilleton en question revêt un gros capital de sympathie chez les vieux (+ 30) et la distribution est organisée autour de nouvelles bouilles qui ont encore le vent en poupe. Clovis Cornillac, qui sauve dix minutes de Brice de Nice et s’impose dans Mensonges et trahisons, a montré combien ses interprétations décalées peuvent nous inciter à essayer n’importe quel navet. Idem d’Edouard Baer dont le personnage pédant perdu mais pas perdant peut humaniser et rendre agréable toute fleurette légère au scénario transparent. Ajoutez Olivier Gourmet, fidèle des frères Dardenne, et avouez que l’on entrevoit la possibilité de quelque chose. Imaginez : dans une ambiance à deux à l’heure, l’hilarant distingué et très « 19e » Baer fait équipe avec Cornillac en pas malin mais drôle. En cherchant bien, est-ce que ces gars-là ont déjà incarné des moments insupportables du cinéma ? On pense déjà à l’ovni absurde et attachant que ça pourrait être. Evidemment, la réalité est tout autre : décidés à ménager la chèvre et le chou, les scénaristes ont multiplié les horizons sans faire les choix qui permettent l’efficacité. Un contexte anarchiste et affairiste sous la forme d’une reconstitution, un film d’action moderne au suspense compliqué, des acteurs à l’identité forte mais réduits à se calquer aux stéréotypes de la série (Valentin, Pujol et Terrasson )… Malgré l’ambition d’un film voulant s’exporter aux USA, Cornuau garde les strictes contraintes d’histoires et de personnages d’une série qui ferait passer Derrick pour du No Limit Fight — en plus d’être la plus grande expression de l’impressionnisme allemand. Pas vraiment drôle, pas vraiment speed, pas vraiment politique… mais pas vraiment chiant non plus car Les Brigades du Tigre , fort de ces petits aspects sympathiques, reste un objet confortable du dimanche soir, en DVD.
Emmanuel Germond
Notes
[1] Réalisateur de clips pour Johnny, Ophélie, Eve Angely… et des inoubliables Bouge ! et Folle d’elle