Les Ecorchés © Hsu Bing

Les Ecorchés par le Théâtre de Ajmer et la Cie Ye Hau Zi au théâtre des Bernardines

Vertiges de l’amour

 

Le metteur en scène Franck Dimech ose prendre des risques, ce qu’il fait une fois de plus avec la nouvelle création du Théâtre de Ajmer, Les Ecorchés. Un voyage charnel entre l’Orient et l’Occident.

 

Après quatorze ans d’absence sur les planches des Bernardines, où il a fait ses premières armes, Franck Dimech revient sur la scène marseillaise avec un spectacle improbable : Les Ecorchés.
Créé au théâtre National de Taïwan, le projet met en lien deux textes d’époques bien différentes : La Dispute de Marivaux, un classique du XVIIIe siècle, et Manque, écrit en 1998 par la dramaturge londonienne Sarah Kane. Sur scène, huit acteurs taïwanais habillés d’une « nudité pudique », dont l’actrice Lu Yi Ching, également présente dans le dernier film de Tsai Ming-Liang, Les Chiens errants, qui sera d’ailleurs projeté samedi au Variétés en présence du réalisateur. Le diptyque se joue en mandarin et en taïwanais, une première pour la pièce de Marivaux.
Mais quel rapport entre ces deux textes ? A cette question, Franck Dimech répond : « la cruauté ». Chacune des deux pièces met en effet en scène quatre adolescents en proie à des expérimentations autour de l’amour : le désir, le manque, le plaisir, l’infidélité et, bien sûr, la souffrance. L’inconstance de l’amour qui se joue dans La Dispute aboutit ici sur le texte de Sarah Kane. « De Manque au suicide, il n’y qu’un pas, que Sarah Kane a franchi en 1999. De la peine à la peine, l’histoire des hommes étant celle de leurs larmes, nous appréhendons Manque comme la conséquence de La Dispute. » Le passage de l’être primitif à l’être social induit ici le rapport au pouvoir et comment il prend place au sein même de la relation amoureuse, et plus largement humaine. « Manque fait figure de prologue » et pousse le propos dans les retranchements les plus ultimes : la perte des valeurs, la perversion, le renoncement à la vie.
Avec ce travail, Franck Dimech nous confronte à notre altérité, principal moteur de son travail, celle d’une humanité où « les masques s’émiettent » et laissent apparaître notre perverse cruauté.

Yasmina Errafas

 

Les Ecorchés par le Théâtre de Ajmer et la Cie Ye Hau Zi  : jusqu’au 15/ 03 au théâtre des Bernardines (17 Boulevard Garibaldi, 1er).
Rens. 04 91 24 30 40 / www.theatre-bernardines.org

Pour en savoir plus : www.theatredeajmer.com

Les Chiens errants de Tsai Ming-Liang : séance spéciale le 15/03 à 17h au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er), en présence du réalisateur et de Lu Yi Ching. Sur présentation de votre billet en prévente aux Variétés, bénéficiez d’un tarif exceptionnel de 6 euros pour Les Ecorchés.