Les éditions Le Bec en l’air
L’emprise de Bec
Le lancement d’une nouvelle collection « Prix Maison Blanche », un site internet fort bien fait, et une éditrice engagée. Déjà trois bonnes raisons de présenter les éditions Le Bec en l’air.
Après avoir été journaliste, auteur et packageur (pour le Seuil notamment), Fabienne Pavia a créé, accompagnée d’une graphiste, les éditions Le Bec en l’air en 1999, avant de s’installer à la Friche en 2010. Dès le départ, l’objectif est de placer la photographie au cœur du projet éditorial en la faisant dialoguer avec le texte. En résultent des livres qui traitent d’abord du patrimoine, puis s’ouvrent à la photographie contemporaine et d’auteur. « Le texte est ainsi image et inversement. »
Le travail du Bec en l’air est constamment guidé par l’idée que la photographie est un « outil de questionnement du monde », que ce soit à l’échelle de l’humanité ou de l’intime. Le pari était osé. Avec des reliures soignées, l’intégration de photographies, la rémunération de plusieurs acteurs de la chaîne du livre (allant de l’auteur aux libraires), la marge commerciale est plus faible que pour des livres traditionnels, d’autant que les libraires en commandent moins. Il faut donc un sérieux travail de préparation et de communication, des diffuseurs fidèles et beaucoup de patience pour convaincre libraires et lecteurs. Les éditions Le Bec en l’air ont également à cœur de constituer une véritable communauté autour de leur activité : les rencontres proposées, les ouvrages aux tarifs variés pour éviter un modèle économique unique, mais aussi le site internet très riche (avec catalogue, actualité, critiques, projet participatif…) y concourent grandement.
Au final, près de cent cinquante auteurs se sont déjà associés à la maison d’édition. Parmi la dizaine de nouveautés, Les Chiens de fusil, de Léa Habourdin, inaugure la collaboration avec le Prix Maison Blanche que la jeune photographe a remporté en 2014. Une nouvelle collection conçue pour donner une grande liberté à l’agencement des photographies et intégrer un texte explicatif en français et en anglais. Dans le cas de Léa Habourdin, c’est Etienne Hatt qui recoud pour nous l’univers faussement décousu de cette photographe intéressée par la proximité homme-animal et nous montre directement son processus de création qui passe par des carnets de notes, des dessins, des photographies de dioramas, paysages, animaux et humains. L’ouvrage s’avère ainsi un complément très utile à l’exposition des lauréats actuellement présentée à la MAD.
Guillaume Arias