Les Festives
L’art sans égal
À l’origine des Festives, Éclosion13 est une association de femmes actrices dans le monde de la musique ayant pour objectif l’accompagnement et le soutien aux projets professionnels féminins dans le secteur culturel.
Éclosion13 voit le jour en 2012. La force de sa création part du rapport Reine Prat commandé en 2006 par le ministère de la Culture sur l’égalité des hommes et des femmes dans le spectacle vivant. Un rapport qui soulignait notamment que 92 % des théâtres cofinancés par l’État étaient dirigés par des hommes, que 97 % des musiques entendues dans nos institutions étaient composées par des hommes, que parmi les spectacles créés en 2003 et 2004, 85 % ont été écrits et 78 % mis en scène par des hommes. Plus grave, il révélait que le montant moyen des subventions attribuées aux scènes nationales est bien moindre (de l’ordre de moins 30 %) quand elles sont dirigées par une femme…
Hormis le Festi’Femmes, dédié à l’humour, et Présences féminines, centré sur les musiques savantes, la manifestation proposée par Éclosion13 est le seul festival de la région à proposer une programmation féminine diversifiée et fournie dans le domaine du spectacle vivant. Et cela, sans aucune subvention locale. Pourtant, Éclosion13 a fait le choix d’organiser un festival tous publics totalement gratuit. D’où le choix du Théâtre de l’Œuvre, salle acquise et gérée par l’association La Paix, dont toutes les actions sociales ne peuvent être nommées tant elles sont nombreuses et diverses au sein de son quartier, Belsunce.
En ouverture, les Festives vous attendent pour le vernissage des expositions de la photographe Sophie Doloir et de la peintre Magda Lotta. Les spectacles débuteront ensuite avec l’étonnant duo Tamèr et Les Tabaillons. Tamèr est une vraie poétesse engagée qui croque par ses « mots dits » (spoken word, en anglais) l’absurdité des situations quotidiennes et se fait la voix de nobles causes. La liste de ses apparitions en public se révèle impressionnante, et étonnante, car elle s’est aussi produite dans des prisons. Son fils, Fabien Blanchard, compose et joue le répertoire soutenant la verve de Tamèr en utilisant tout ce qui lui tombe sous la main, de l’accordéon au hang. Ajoutons que tous les deux se disent disponibles pour toutes propositions concernant des ateliers/stages d’écriture, d’interprétation et de mise en musique de spoken word pour tous publics. Le spectacle musical Cagole Blues prendra ensuite le flambeau avec une farce burlesque 100 % féminine sur la figure locale emblématique qu’est la cagole. La comédienne et metteuse en scène Silvia Masségur ainsi que l’auteur Henri-Frédéric Blanc ne manqueront pas de vous faire rire, de vous désorienter, bref, de vous distraire. Pour finir la soirée en chansons, Carine Lotta du groupe Radica Sicula vous emmènera en Sicile avec une interprétation bien particulière de chants d’amour, de travail et de révolte mélangés à des berceuses. Selon la chanteuse, « la musique du peuple sicilien est caractérisée par son parcours de survivant laïc et multiracial. »
Le lendemain, au Square du Baignoir déambulera la « seule femme-orchestre », Heïdi S. Une batterie sur le dos, une guitare brésilienne en bandoulière, une flûte à portée de souffle, elle est la voix qui harangue, qui chante et qui rit. Heïdi est une spécialiste des musiques brésiliennes, et vous fera découvrir certaines expressions musicales de ce pays riche de métissages.
Dans l’après-midi aura lieu un concert pour le jeune public signé Miss Paillette qui, à travers ses chansons, accroche Marseille sur le mur avec humour et bienveillance… Fait notable : la couleur de son répertoire va du reggae au tango en passant par les influences tsiganes. Au cours de ses nombreuses interventions, elle laisse bouche bée les minots qui adoptent les rythmes et mélodies approchées. Dans la foulée, un atelier d’expression slam dirigé par Tamèr et les Tabaillots sera proposé à tous. Le slam, ou spoken word, est un exercice facilement accessible. Pas de chant, pas de rap, juste des mots accompagnés de percussions et d’autres instruments. Chacun pourra s’exprimer, raconter son quartier ou son identité marseillaise, ou tout autre sujet qui lui tient à cœur. Le soir, la Sénégalaise Aïda Diène balancera des standards de jazz et quelques chansons françaises accompagnées de son duo habituel, concert qui sera suivi par celui de Christina Rosmini en guise de clôture du festival. Christina est méditerranéenne. Elle compose des thèmes qui explorent tout autant la musique arabo-andalouse, le flamenco et la chanson française. Des mélodies d’où affleure une conscience féministe, humaniste et spirituelle.
Catherine Moreau
Les Festives : du 19 au 20/05 au Théâtre de l’Œuvre (1 rue Mission de France, 1er).
Rens. : 04 91 90 17 20 / lesfestives.wixsite.com/festival
Le programme complet du Festival Les Festives ici