Les fleurs sauvages

Les fleurs sauvages

Lo’Jo fait escale à Marseille pour défendre sur scène son dernier album, et confirmer qu’il demeure encore aujourd’hui une exception multiculturelle… (lire la suite)

Lo’Jo fait escale à Marseille pour défendre sur scène son dernier album, et confirmer qu’il demeure encore aujourd’hui une exception multiculturelle

1982. A l’époque où certains de nos lecteurs n’étaient pas nés (ou à peine), où d’autres défendaient péniblement leur sac de bille à la récréation, la France alternative voyait débarquer du côté d’Angers une formation atypique qui empruntait autant à la tradition française de la chanson qu’à l’activisme libertaire. Lo’Jo aurait pu être un groupe de plus, un collectif de doux-rêveurs aux idées plus larges que le talent, bref : des musiciens comme il en existe un peu partout, des bancs du lycée à ceux de La Plaine. Seulement voilà : il y a l’inspiration, la poésie, et la sincérité qui font qu’il est aujourd’hui difficile de trouver à Lo’Jo un équivalent dans le paysage musical hexagonal. Après plusieurs albums et des milliers de concerts, même si la reconnaissance a tardé à venir, le groupe continue à creuser avec bonheur le sillon sinueux d’une musique colorée aux textes sensibles. Ainsi, Lo’Jo n’appartient à aucun courant, trop autonome et soucieux de son identité pour se fondre dans un mouvement. Pour trouver des artistes qui leur ressemblent, il faut aller loin, très loin, peut-être du côté de l’île de la Réunion où Danyel Waro et René Lacaille font figure de cousins éloignés – mais pas si lointains. Denis Péan, fondateur et parolier du groupe, confirme : « J’ai été très marqué par mon premier voyage à La Réunion. Cette langue, ses nuances, le fait de s’approprier la réalité, c’est beau… Et puis c’est aussi une provocation. » Les voyages, voilà peut-être le secret de la longévité et de la diversité de Lo’Jo. De la Russie au Canada, en passant par la Hongrie ou le Mali où une première escapade, en 1997, a donné l’impulsion au Festival du Désert, les dunes pour paysage et les nomades pour spectateurs. Comme le dit Denis, « on a semé la graine » : ces musiciens troubadours ont décidément la main verte. Défenseurs d’une sorte de créolité métropolitaine, Lo’Jo s’est offert « la liberté d’être étranger dans son propre pays », où la lente disparition de groupes colorés et alternatifs a renforcé son côté marginal. Formation communautaire qui varie au gré des époques et des rencontres, Denis et sa bande ont su garder un état d’esprit intact. Dans leur Anjou natal, ils se sont impliqués dans la vie communale, et former un groupe rime pour eux avec vivre en groupe… Avec Lo’Jo, l’utopie n’est pas un privilège de la pensée. Reste le plus beau, le plus touchant : les textes de Denis Péan. Qui a eu la chance de se pencher sur cette écriture découvrira des trésors insoupçonnés. Cette poésie métisse est immédiate, singulière : on y perçoit les couleurs, les odeurs, et tout ce qui fait la dimension sensible du verbe… « Les textes, moi j’y suis dedans, j’arrive pas à analyser… Ce qui me plait, c’est la vivacité rythmique, la fluidité acoustique et surtout la rébellion qu’elle contient, ce romantisme-là. » Et la musique du groupe est, elle aussi, suffisamment riche pour mettre en relief toute la subtilité de son écriture. Des mots et de la musique, ne manque que la scène (celle du Poste à Galène conviendra parfaitement) pour réunir la sainte trinité selon Lo’Jo. Rendez-vous est pris, ils nous y invitent si joliment… « La scène, ce théâtre extravagant qui serait notre berceau. »

Texte : nas/im
Photo : Marc Melki


Le 23 au Poste à Galène, 20h30. Rens. 04 91 47 57 99
Dans les bacs : Bazar Savant (Emma/Universal)
Sur les ondes : émission spéciale le mardi 23 à 18h sur Radio Grenouille (88.8 FM)