Les Hivernales 2018
La belle saison
Dansé dans la rue de la place Saint-Didier au Palais des Papes, l’hommage à Pina Bausch The Nelken Line a lancé le coup d’envoi d’un mois de danse à Avignon : les Hivernales. Des propositions chorégraphiques à voir et à admirer, mais aussi à éprouver, avec moult stages.
Porté par le Centre de développement chorégraphique national éponyme, le festival les Hivernales fête cette année quarante ans « d’une extraordinaire aventure artistique de la danse contemporaine ». L’occasion de revenir sur les belles heures de la manifestation, qui met en lumière, l’hiver, une ville qu’on est plus habitué à voir briller pendant la saison estivale. Les Hivernales s’inscriront ainsi sur les murs de la ville, pour partager avec nous des paroles de spectateurs, disséminées ça et là par l’agence de muséologie Museocom, tandis que des « images de danse » des éditions précédentes sont exposées place Saint-Didier.
La dimension « spectaculaire » de la manifestation se tiendra quant à elle essentiellement dans les théâtres du centre-ville, partagés entre contemporain et hip-hop. Fidèle de l’événement, Daniel Larrieu sera particulièrement à l’honneur avec deux soirées. Le chorégraphe proposera d’abord un rendez-vous entre histoire et transmission, avec le solo Emmy, dansé, vingt-cinq ans après sa création, par Enzo Pauchet, et la conférence-spectacle Avenir, dans laquelle il revient lui-même sur ses trente ans de création chorégraphique. Dans un second temps, il présentera sa nouvelle création, Littéral, un « paysage ludique dédié à voir la vie en rose ». Grande dame de la danse contemporaine, Maguy Marin présentera également sa nouvelle création, Deux Mille Dix Sept, une fresque politique pour dix interprètes dénonçant avec clairvoyance et pugnacité la société de consommation et une politique tournée vers le profit. Parmi la vingtaine d’autres propositions, on (re)verra avec plaisir le Rock’n Chair d’Arthur Pérole, pièce pour quatre danseurs qui fait la part belle à l’esthétique relationnelle, Paradise is not enough du collectif marseillais Ex Nihilo, qui met en jeu la danse dans son rapport aux objets du quotidien, ou encore le dernier opus de Georges Appaix, What Do Yo Think ?, qui « invite les êtres à se rejoindre au-delà des apparences du langage ». On découvrira aussi avec curiosité l’hommage d’Antoine Le Ménestrel à Trisha Brown, Debout, dans lequel le danseur de façade revisite les fondamentaux de la chorégraphe américaine à l’aune de son histoire à la verticale. Après l’avoir présentée en avant-première à Klap (le 8), Liam Warren montrera lui aussi sa nouvelle création, Intersum, un trio sur la limite du corps, l’hésitation et le doute.
Les Hivernales sont également l’occasion de la rencontre avec des chorégraphes, et de la pratique à travers des stages pour tous les niveaux. Des stages autour du geste, de la réappropriation du corps et de sa mise en mouvement se dérouleront ainsi sous la direction de Mathieu Desseigne, Cathy Pollini et Mathias Alexander. On pourra également (re)découvrir la méthode Feldenkrais, enseignée par Catherine Pruvost, ou les pilates avec Benjamin Rapp. Les amateurs de danse contemporaine seront comblés par des stages proposant de réinvestir la pratique de Pina Bausch grâce à l’enseignement de Nina Dipla, d’éprouver la création d’un langage chorégraphique avec Christophe Béranger et Jonathan Pranlas-Descours ou, encore, de tester tout le processus d’interprétation avec Michaël Allibert.
Pour bien commencer la saison, on vous conseille d’aller découvrir la création collective des étudiants de l’École supérieure d’art d’Avignon et de l’Université d’Avignon et des pays du Vaucluse proposée par Audrey Abonnen et coordonnée par Lydie Toren.
Autant de propositions pour une ville décidément en mouvement(s).
Florence Pondaven
Les Hivernales : jusqu’au 3/03 à Avignon.
Rens. : www.hivernales-avignon.com
Le programme complet des Hivernales ici