Les Hivernales, 35e édition
A corps et à cris
Désormais sous l’égide d’Emmanuel Serafini, les Hivernales célèbrent leur trente-cinquième anniversaire en réunissant les « outsiders » méditerranéens (mais pas que…) de la danse contemporaine, pour une semaine éclectique placée sous le signe de la résistance.
Il est assez rare qu’un édito témoigne des coulisses d’un festival. Celui d’Emmanuel Serafini, directeur des Hivernales depuis trois ans, n’hésite pourtant pas à révéler toutes les incertitudes quant à l’avenir fragile des festivals de danse, désormais presque tous dépendant des deniers publics, et donc du bon vouloir de la « conjoncture économique » — les subventions revues à la baisse seraient une affaire de crise, nous assène-t-on…
En valorisant la réunion de chorégraphes presque tous issus du bassin méditerranéen (à l’exception du New-Yorkais « cunninghamien » Jonah Bokaer, de Pascal Rambert, artiste associé au Théâtre de Gennevilliers, et des Normands Thomas Ferrand, Eric Lamoureux et Héla Fattoumi), Emmanuel Serafini ne déroge pas à ce qui est devenu la règle des festivals du Sud (Montpellier Danse, Dansem…).
Ainsi, les amateurs de danse contemporaine retrouveront avec bonheur les agitateurs de la scène catalane Pere Faura, Tomeo Vergés, Angels Margarit et Thomas Hauert, les Egyptiennes d’adoption Sandrine Maisonneuve et Laurence Rondoni, la fantasque et délicieuse Italienne Ambra Senatore ou encore notre chorégraphe turc préféré, Mustafa Kaplan — ici en solo puis en duo avec Alain Michard.
Vivier historique de talents, la scène « locale » (si l’on peut dire) ne sera pas en reste, avec la présence du « patriarche » Dominique Dupuy et des étoiles montantes Robin de Courcy et Fabrice Ramalingom, ainsi que par un hommage aux vingt ans de la disparition de Dominique Bagouet. Des écrivains de l’espace, très attachés à la forme, comme Paco Decina ou encore Johanny Bert permettront quant à eux de varier les plaisirs.
Surtout, on saluera le geste fort — et pas seulement politique, espère-t-on — de placer la jeune chorégraphe grecque Patricia Apergi en clôture de festival. Un acte qui résume à lui seul la couleur de cette édition : la résistance esthétique, et donc politique, d’artistes à la croisée des chemins (des leurs et, peut-être, des nôtres), plutôt qu’une standardisation du propos chorégraphique.
Joanna Selvidès
Les Hivernales, 35e édition : du 23/02 au 2/03 en pays d’Avignon, mais aussi à Aix-en-Provence et Marseille.
Rens. 04 32 76 05 32 / www.hivernales-avignon.com