Les Infiltrés – (USA – 2h30) de Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Matt Damon, Jack Nicholson…
Ceux qui avaient eu la chance de voir en 2004 dans une salle obscure Infernal Affairs, le thriller virtuose et hong-kongais d’Andrew Lau, attendaient de pied ferme et le cœur serré le remake de Martin Scorsese, seconde relecture du grand maître italo-américain après… (lire la suite)
La valse des pantins
Ceux qui avaient eu la chance de voir en 2004 dans une salle obscure Infernal Affairs, le thriller virtuose et hong-kongais d’Andrew Lau, attendaient de pied ferme et le cœur serré le remake de Martin Scorsese, seconde relecture du grand maître italo-américain après le formidable Les nerfs à vif. Ne faisons pas durer plus longtemps le suspense, Les Infiltrés est un PUTAIN DE GRAND FILM et va au-delà du simple copier-coller tant Marty s’est réapproprié le sujet avec le brio, la classe et le savoir-faire qu’on lui connaît. Troisième collaboration du père de Raging Bull et du minet du Titanic, après l’épileptique Gangs of New York et le sublime biopic The Aviator, Les Infiltrés est certainement la plus aboutie et nous permet d’assister à l’avènement de Leonardo DiCaprio en tant que grand acteur « scorsesien » de la trempe des De Niro, Keitel, Day Lewis et autres Pesci. Si Leo est éblouissant dans ce rôle de flic borderline infiltré dans la mafia, le reste du casting XXL est à l’avenant : Jack Nicholson, dont c’est bizarrement la première collaboration avec Scorsese, est hallucinant de cabotinage assumé, Alec Baldwin, Martin Sheen et Mark Whalberg — qui ne peut prononcer une phrase sans un « Fuck » ou « Asshole » — n’ont jamais été aussi inquiétants, drôles ou bien dirigés. Seul bémol, le définitivement trop lisse Matt Damon qui peine à nous convaincre en taupe ripoux et à confirmer Will Hunting. Cette toute petite fausse note mise à part, une mise en scène virtuose — la séquence d’exposition, façon Amicalement Vôtre, qui suit le destin des futurs Infiltrés jusqu’à leur arrivée dans les bureaux de la police de Boston, est magistrale —, un scénario vertigineux, des répliques savoureuses, un zest de glamour — Vera Farmiga, la seule belle parmi les bêtes — et un final d’une noirceur glaçante font de ce dernier opus scorsesien le meilleur film américain de l’année. Et une sorte de fantasme cinématographique/glace à trois faces où se reflètent Heat, Volte/Face et Les Affranchis. Ô mouroir, mon beau mouroir…
Henri Seard