Dans le cadre de la manifestation « L’Art renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville » proposée par le Passage de l’Art, Jean Daviot expose Main tenant, une série de peintures où les gestes manuels ont le premier rôle pour rejouer l’histoire de l’homme…
Dans le cadre de la manifestation « L’Art renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville » proposée par le Passage de l’Art, Jean Daviot expose Main tenant, une série de peintures où les gestes manuels ont le premier rôle pour rejouer l’histoire de l’homme.
L’artiste a photocopié des gestes effectués par ses mains et a collé les empreintes à intervalle régulier sur l’espace de la toile. Cette captation immobilise la dynamique corporelle et rend visible le moment où les gestes se transforment en signes. Un acte qui évoque fortement celui effectué par nos ancêtres sur les murs des cavernes. Les hommes préhistoriques se servaient de leurs mains comme de pochoirs. Ils pulvérisaient des pigments par leur souffle, et le retrait de la main laissait une trace, un signe. Jean Daviot a « mécanisé » par la photocopie ce geste artisanal. Reprise moderne d’un geste fondateur ? Force de la répétition qui régénère la mémoire ?
Les mains sur les grottes sont à la fois les premières empreintes de l’homme et les premières traces picturales. Et la fixation des empreintes de l’artiste n’est pas non plus sans rapport avec la mythologie des origines de l’art. Souvenons-nous de la légende grecque de l’invention de la peinture, liée à une histoire de captation. Il est question d’une scène d’adieu qui fut l’occasion de retenir et de conserver un corps grâce à l’image de l’ombre qu’il avait projetée sur un mur…
Ici, les images de mains s’inscrivent dans un cercle coloré qui est celui du visage de l’artiste. Le rond du visage devient le trou, le vide à travers lequel apparaissent les empreintes corporelles. Le trou évoque aussi la bouche : les gestes de mains parlent en empruntant les voix du silence. Comme la peinture.
L’œuvre de Daviot établit une véritable taxinomie des signes de main, qui proviennent de différentes époques et de diverses civilisations : empreintes négatives sur les parois des grottes de la préhistoire, signes des chasseurs de Nouvelle-Guinée, alphabets des sourds-muets, gestes des rituels bouddhistes, signes de la kabbale, etc. Les peintures redistribuent ces données et établissent de nouvelles relations. Elles font reculer dans l’ombre les différents contextes historiques et géographiques des gestes pour mettre en lumière leur force expressive et émotionnelle. Ce qui importe ici, c’est moins la signification (dépendant d’époques, de formes sociales, de religions, de coutumes…) que l’acte universel de signifier par les mains. Et les formes choisies, étonnamment semblables, pour mener à bien cet acte…. « L’humain, c’est la main » nous dit Michel Guérin[1]. L’exposition de Jean Daviot en témoigne admirablement.
Elodie Guida
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L’art renouvelle le collège, le lycée et la ville
En 1993, Lyse Madar, professeur d’anglais au Lucée du Rempart, y crée la galerie du Passage de l’art, à la fois lieu de diffusion des œuvres contemporaines et lieu de réflexion sur l’art contemporain et sur la culture de manière générale. Quatre à cinq expositions par an y sont organisées, ponctuées d’interventions et de tables rondes. La manifestation L’art renouvelle le collège, le lycée et la ville voit le jour trois ans plus tard. Dans le cadre de cet événement, différents sujets (« Mémoire historique, mémoire intime », « L’art et la face », « Le dessin », etc.) sont choisis chaque année pour solliciter la réflexion autant que la découverte d’oeuvres contemporaines. Il s’agit d’exposer des œuvres dans les établissements scolaires, mais aussi d’ancrer cette manifestation dans la ville par une exposition à La Maison de la Corse, tout en favorisant la curiosité et la réflexion par l’organisation d’un colloque à l’Espace Ecureuil, où des intervenants de différents horizons sont invités à participer. Sur le thème de « La main », le colloque a réuni cette année plus de deux cents personnes, et une quinzaine d’expositions sont présentées jusqu’au 15 juin.
E. Gu.
Rens. Passage de l’Art : 04 91 31 04 08
Notes
[1] Titre de la conférence prononcée dans le cadre du colloque sur La Main le 5 avril 2007.