Une fresque de Zoer

Les Nouveaux Ateliers à Port-de-Bouc

Urbain de jouvence

 

Avec le « festival d’art urbain et de bonne humeur » Les Nouveaux Ateliers porté par Lartmada, la petite ville de Port-de-Bouc devient, l’espace d’une semaine, le théâtre d’un art qui prend la rue de court. Focus sur ce cadavre exquis de bonnes idées qui s’étalent sur les murs !

 

 

On commence par la fin en présentant la balade urbaine qui viendra clôturer le festival pour faire le tour des fresques que les dix artistes invités auront réalisées in situ. Chaque édition n’y échappe pas et pour la troisième saison du festival, le collectif a invité des artistes aux styles variés, qui explorent autant le figuratif que l’abstrait. On pourra également y retrouver les œuvres des deux années précédentes, comme Nostalgia de Bom K — l’expression d’un visage transi aux couleurs qui détournent le regard de la façade l’ayant vu naître — ou le Chat de gouttière de Braga qui n’attend que d’être nourri.

Parmi les invités de cette nouvelle édition, citons Zoer, dont le travail représente des scènes aux lumières travaillés, des couleurs crépusculaires, le moment où les ombres s’étirent un peu avant de remplacer la lumière, des scènes éclairées par des lampes torches et souvent, finalement, la représentation d’épaves qu’il sait sublimer en nous montrant ce qui est vibrant dans ce qui est cassé.

C’est une autre poésie que propose Olivia de Bona. Ses fresques, que l’on aperçoit comme des scènes derrière un paravent, façon jeu d’ombres chinoises, dévoilent des formes lascives, des corps et des plantes que l’harmonie vient lier, sans faire disparaitre le mouvement du décor qu’elle trace.

Un tracé qui persévère dans la calligraphie abstraite de Tarek Benaoum : l’artiste dépasse le cadre de la feuille pour s’étaler sur la façade d’un immeuble entier. On y voit à la fois des messages codés et l’ornement doré qui pourrait rendre jaloux les bâtiments d’à côté.

Pendant la durée du festival, l’espace public n’est plus un lieu de passage entre la maison et le travail, mais le théâtre d’une expressivité variée, une agora où se confrontent des points de vue. De fait, plusieurs événements viennent ponctuer la manifestation, en marge des dix live painting au programme. Une table ronde (augmentée de podcasts) réunira ainsi plusieurs artistes autour de l’influence du street art sur l’identité d’une ville, chacun présentant sa façon de modeler la cité… voire de la faire crier. C’est l’objet du documentaire J’irai crier sur vos murs d’Élodie Sylvain et Charlotte Ricco, présenté au cinéma Le Méliès : comment, à Marseille, des femmes se réapproprient la rue pour dénoncer les violences, le harcèlement et les inégalités, brisant le silence à coups d’encre et de papier collé.

Théâtre d’objets, fanfare, danse contemporaine et Dj set assureront le côté festif de cette manifestation qui sent bon l’été. Allons donc voir fleurir de nouvelles couleurs dans le champ de la ville…

 

Mohamed Boussena

 

Les Nouveaux Ateliers : du 31/05 au 5/06 à Port-de-Bouc.

Rens. : http://festival-lna.fr/