Les Oubliées de Juarez – (USA – 1h53) de Gregory Nava avec Jennifer Lopez, Antonio Banderas…
Il y a certains films dont l’extrême sophistication et les trajectoires sinueuses ouvrent la voie aux délices de la complexité. Les Oubliés de Juarez auraient plutôt tendance à nous rappeler que la simplicité a d’indiscutables…
Où y a de la Jen, y a pas de plaisir
Il y a certains films dont l’extrême sophistication et les trajectoires sinueuses ouvrent la voie aux délices de la complexité. Les Oubliés de Juarez auraient plutôt tendance à nous rappeler que la simplicité a d’indiscutables vertus cinématographiques. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de mettre en forme une certaine rage visuelle. Le film de Gregory Nava arrive même parfois à distiller son charme assez old school de film militant tendance 70’s avec sa sympathique figure de journaliste combattant, prêt à tout pour faire triompher une juste cause face aux puissances inhumaines de l’argent (la fraîcheur désuète de Network et des Hommes du Président). Malheureusement pour nous et plus spécialement pour ces femmes qui souffrent au Mexique, le film s’apparente le plus souvent à une bouillie visuelle remarquablement informe, tour à tour regardable, fatigante ou franchement limite quand Nava se complaît à filmer sous les angles les plus infâmes le viol (atroce) d’une jeune Mexicaine. Comme ma mère me dit souvent quand je cède exceptionnellement à un excès d’humanisme néo-romantique (ou alors c’est Henri Seard, je sais plus bref) : les bons sentiments ne font pas forcément de bons films. Et la sincère conviction avec laquelle Banderas et J-Lo interprètent leurs partitions ne les empêche pas d’être à peu près aussi crédibles que Nicolas Sarkozy lorsqu’il parle des ouvriers. Parce qu’il faut se rappeler qu’au cinéma le regard compte autant (voire plus) que le sujet qu’on aborde. Sans doute aussi parce que ces Oubliées de Juarez sentent légèrement la bonne conscience et franchement le coup marketing humanitaire à peu de frais.
Romain Carlioz