Main Basse sur la ville de Francesco Rosi

Les Rencontres de Cinéma européen – Indignation(s) à l’italienne : à Marseille

Voyages en Italie

 

L’équipe de Cinépage investit quatre lieux de la cité phocéenne, les Variétés, l’Alcazar, l’Institut Culturel Italien et le Videodrome 2, pour ses septièmes Rencontres du Cinéma Européen, consacrées cette année à l’une des plus passionnantes pages du cinéma italien.

 

Parmi les grandes périodes cinématographiques de la production européenne, il paraît inévitable de citer les œuvres italiennes des années 60 et 70. A cela, plusieurs raisons : les films s’inscrivent avec brio et intelligence dans une certaine continuité du néoréalisme d’après-guerre, mais, au-delà, dans un contexte social et politique marquant pour la société transalpine. De nombreux facteurs bouleversent et interrogent une société en profonde mutation : les scandales de corruption — et le pouvoir toujours plus prégnant de la mafia — s’affichent régulièrement en une des quotidiens, l’instabilité politique interroge, à commencer par le jeu trouble de la Démocratie Chrétienne, les radicalismes se développent (tentatives de prise de pouvoir de l’extrême droite, premières actions des Brigades Rouges). Il suffit, pour en embrasser l’ampleur, de relire les magnifiques Lettres luthériennes de Pier Paolo Pasolini en 1975 (l’année de sa disparition), publiées dans le Corriere della Serra. Une poignée de cinéastes reste emblématique de cette période, à commencer par l’immense réalisateur napolitain Francesco Rosi, disparu en janvier 2015, dont l’œuvre reste empreinte d’un regard sans concession sur la société italienne. L’équipe de Cinépage qui, depuis sept ans, nous gratifie d’excellentes et exigeantes Rencontres du Cinéma Européen, se permet cette année une entorse à sa ligne éditoriale — offrir un panorama de la production européenne contemporaine —, et nous replonge dans cette période cinématographique qui fait étrangement écho à nos sociétés actuelles. En quatorze films incontournables, la programmation brosse un portrait saisissant de son sujet. Et (re)met à l’honneur quelques grands noms du cinéma italien : Francesco Rosi, bien évidemment, mais également Elio Petri, Giuliano Montaldo ou Damiano Damiani. Sans oublier quelques acteurs de premier plan, à commencer par l’immense Gian Maria Volonte, Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Au menu des festivités, le Main basse sur la ville de Rosi ouvre le bal en présence de l’éminent écrivain et critique Michel Ciment. La projection à l’Alcazar se prolongera par une soirée festive et musicale aux Variétés. Suivront durant huit jours les projections, entre autres, des formidables Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Film d’amour et d’anarchie, Sacco et Vanzetti, Confession d’un commissaire au procureur de la République ou Meurtre à l’italienne. Sans oublier quelques saillies, en écho aux films programmés, du côté de la production transalpine contemporaine, à l’instar du Viva la Liberta ! de Roberto Ando, ou La mafia tue seulement l’été de Pierfrancesco Diliberto.

Emmanuel Vigne

 

Les Rencontres de Cinéma européen – Indignation(s) à l’italienne : du 22 au 30/01 à Marseille.
Rens. : 04 91 51 00 97 46 / www.cinepage.com

Le programme complet des Rencontres de Cinéma européen ici