L’été indien – (France – 1h40) d’Alain Raoust avec Johan Leysen, Déborah François, Guillaume Verdier…
Siffler sur les collines…
Il y a un véritable malentendu Joe Dassin. Et je ne dis pas ça seulement parce que Cynthia Cucchi n’a rien fait qu’à me narguer en minaudant des « la-lala » tout le long de la réunion de rédaction. Non, le chanteur strabique n’a pas hululé que des conneries dédiées aux aquarelles de Marie Laurencin. Je vendrais d’ailleurs assez volontiers tous les Ours (le chanteur cafardeux, pas les bêtes à poils) pour l’innocente mélancolie d’un Salut les Amoureux ou d’un Et si tu n’existais pas. Quel rapport avec le dernier film d’Alain Raoust, me direz-vous ? C’est très simple : à l’instar du chanteur à minette, l’auteur de La Cage a réalisé un été indien dont le critique aurait préféré qu’il se passât. Non que ce second opus soit foncièrement mauvais d’ailleurs, mais il laisse un sentiment profond d’ennui et un sacré goût d’inachevé. Là où le récit de La Cage semblait agir en sourdine, presque contre le film, cet été indien est trop évident, à force de s’enfoncer lourdement dans le domaine de l’étrange. Ce qui agite René (le poids d’un secret familial) devient vite assez clair et les tentatives pour l’enrober de mutisme ou d’obscurité sont totalement vaines. Cet échec à imposer une vraie sécheresse, à gratter un peu le vernis intimiste pour se laisser emporter vers un naturalisme lyrique est sans doute la plus grosse déception du film. Car Raoust arrive parfois à instiller dans les silences ou dans les montagnes arides une violence contenue. Par moments, il retrouve même la vraie force de son cinéma, cette dynamique brute de l’action qui anime chacun des personnages. Croyez-en mon expérience, il y a une vraie malédiction de L’été indien.
Romain Carlioz