Poborsk [Bestiaire] © Patrice Curtillat

E-Topie / Chroniques des mondes possibles

Messe pour le temps futur

Le Pays d’Aix disposait déjà d’un sacré vivier en matière de culture numérique. En 2013, ses principaux acteurs ont la bonne idée de s’associer pour un parcours de concerts, d’expositions, de projections chorégraphiées, de rencontres, de mappings, de workshops, de spectacles et de performances sur les nouveaux usages de l’électricité. E-topie, c’est le nom d’un grand projet fédérateur regroupant en son sein des rendez-vous immanquables comme, entre autres, le tout nouveau festival Chroniques des mondes possibles. On coupe donc la poire en deux, et l’on se met en quatre pour tout voir.

 

 

Keyframes par le groupe Laps

Keyframes par le groupe Laps

 

E-Topie

Futurama

Pendant un mois, la ville d’Aix se transforme en un laboratoire à ciel ouvert afin de questionner notre rapport aux technologies à travers le prisme de l’art. Coup d’œil général.

 

Le nom, qui fait référence aux utopies numériques de demain, tombait sous le sens… Avec E-Topie, on entre de plein fouet dans le monde fou de la science et de la technologie. Aix n’a pas été choisie au hasard : la ville avait déjà un pied dans le domaine de la culture numérique avec des opérateurs performants comme Seconde Nature, M2F Créations, Bype Labs (laboratoire de recherche et de création autour de l’imagerie numérique basé dans la Fondation Vasarely) ou l’Ecole supérieure d’Art.
Fruit de la réunion entre ces différentes structures, E-Topie se présente donc comme un accomplissement, truffé d’expériences sensorielles et visuelles déroutantes. A commencer par le mapping du « psyché killer » Ryoji Ikeda sur la façade de la Fondation Vasarely (point névralgique d’E-Topie), qui combine musique électronique et image numérique pour créer un voyage « architectonique » d’une intensité fulgurante.
Autre événement de taille, le festival Gamerz, conçu par l’association M2F Créations, revient pour sa neuvième édition. Cette année, une cinquantaine d’artistes internationaux présentent des installations multimédias dans quatre lieux culturels pour comprendre, au-delà de l’aspect ludique de la manifestation, les métamorphoses de notre société. Interventions à couper le souffle, concerts improbables, conférences et rencontres professionnelles alimentent une programmation diversifiée.
A chaque jour, chaque heure, une prouesse différente ! Magie, illusion d’optique ou rêverie éveillée ? A la tombée du jour, de drôles de personnages lumineux prennent d’assaut les façades du Pavillon Noir et se livrent à un numéro de danse et d’acrobaties sur le principe de la décomposition du mouvement : avec Key Frames, le groupe Laps livre un époustouflant ballet nocturne inspiré des chorégraphies d’Angelin Preljocaj.
Inutile de passer toute la programmation (foisonnante) en revue, l’agenda est là pour ça. La vérité est ailleurs : aux frontières du réel, une bonne dose d’E-Topie pour faire tourner le monde.

Gaëlle Goulois

 

E-Topie, parcours arts numériques : du 10/10 au 10/11/2013 à Aix-en-Provence.
Rens. www.aixaysdaix2013.com / www.mp2013.fr

 

 

9th cloud [Prism] © Clementine Crochet

9th cloud [Prism] © Clementine Crochet

Chroniques des mondes possibles

Electricity

Si les expos, performances et spectacles transdisciplinaires occupent le gros de l’événement, la programmation musicale rattachée au « festival dans le festival » Chroniques des mondes possibles reste, comme toujours avec l’équipe de Seconde Nature, un modèle d’exigence et de versatilité.

 

Cela ne date pas d’hier, et relève d’un long travail de sape effectué au fil du temps via différentes entités, du petit collectif originel (Biomix) à la structure pérenne installée aujourd’hui dans le centre d’Aix (Seconde Nature), en passant par feu le festival Territoires Electroniques (qui a propulsé la Fondation Vasarely dans une autre dimension). Dans une ville qui n’est pas réputée pour le dynamisme de sa scène musicale, Seconde Nature fait donc plus que jamais figure d’exception, mais se pose également comme une structure qui, par ses choix audacieux de programmation sur le créneau des musiques électroniques, n’a pas d’équivalent à Marseille. Lors de la saison dernière, la qualité de ses bookings est encore montée d’un cran, fédérant un public de plus en plus large et justifiant plusieurs soirées à guichets fermés. Celle qui s’annonce devrait donc voir le lieu prendre sa vitesse de croisière à l’approche des week-ends, comme le suggère déjà le profil des invités présents sur l’événement qui nous occupe. Cinq « lives » audiovisuels sont programmés, mettant sur un même pied d’égalité des musiciens locaux (9th Cloud, Poborsk) et un pionnier de la scène expérimentale française (Pierre Bastien). Côté club, chacune des six soirées à l’affiche explore une thématique différente, assez représentative de ce qui est proposé ici tout au long de l’année — une couleur qui oscille globalement entre électronica cérébrale, techno de Detroit et derniers courants issus de la bass music anglaise. Il ne faudra notamment pas manquer le live de Brandt Brauer Frick (trois musiciens qui revisitent la techno avec des instruments acoustiques), le dj-set du duo Âme (grands gourous de la scène deep-house berlinoise) et la création exceptionnelle, en première mondiale, du pilier techno Jeff Mills avec un chorégraphe et des scientifiques français, à la croisée de la danse, des technologies numériques et de l’astrophysique : Chronicles of Possible Worlds.

PLX

 

Chroniques des mondes possibles, Electric adventures, un parcours numérique proposé par Seconde Nature : du 10/10 au 10/11 à Aix-en-Provence.
Rens. www.secondenature.org