L’heure d’été - (France – 1h40) d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche, Charles Berling…

L’heure d’été – (France – 1h40) d’Olivier Assayas avec Juliette Binoche, Charles Berling…

Décalage horaire

cine-l-heure-ete.jpgOlivier Assayas est un cinéaste déconcertant. Avec plus ou moins de bonheur, il alterne depuis quelques années des projets complètement différents, que l’on pourrait ranger dans deux catégories. D’un côté, ses films « modernes », souvent tournés à l’étranger et qui, sur fond de rock et d’images nouvelles, traitent de notre solitude dans un environnement mondialisé. De l’autre, ses films « classiques », fruits d’un romantisme cinématographique strictement hexagonal, dont Fin août, début septembre représente certainement le meilleur exemple. Seul point commun entre ces deux aspirations apparemment distinctes : la question du passage, la transition d’un état à un autre, en un mot : le mouvement. L’heure d’été ne déroge pas à la règle. Après la mort de leur mère se pose aux protagonistes du film la question de l’héritage… La famille — riche et heureuse — n’est plus qu’une blessure d’enfance, l’attachement à la maison de famille et aux œuvres d’arts qu’elle abrite trouve assez vite ses limites : la valeur affective fait bientôt place à la valeur financière. Si le thème, sans être franchement nouveau, demeure intéressant, Assayas semble plus décrire son sujet qu’il ne le traite, mettant entre sa caméra et ses personnages une distance qui ne permet pas au film d’être réellement attachant. Le spectacle de ce petit ballet familial divertit, mais ne trouble jamais. La mise en place du récit, un peu longue, ne joue pas forcément en faveur du film. Ni de la crédibilité du jeu de Charles Berling et Jérémie Rénier, dont la raideur d’interprétation semble contaminer Juliette Binoche — qui ne brille que d’une pâle blondeur au regard de sa prestation récente dans Le voyage du ballon rouge de Hou Hsiao-Hsien. Si la scène finale rappellera aux nostalgiques trentenaires L’eau froide, avec son lot de jeunes dansant dans la maison vide, elle leur fera aussi regretter l’énergie et le lyrisme qu’Assayas semble avoir définitivement abandonnés. On aurait aimé trouver à L’heure d’été un peu plus de chaleur.

nas/im