Lia Rodrigues au Théâtre du Merlan
Favela choc
Le temps d’un week-end, le Merlan réaffirme ses ambitions citoyennes en conviant ses spectateurs à (re)découvrir le formidable travail — sur mais aussi hors plateau — de la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues.
Les familiers de la scène nationale aux portes roses ne s’étonneront pas de la très prochaine programmation du travail de Lia Rodrigues au Merlan. Les liens de parenté paraissent en effet évidents entre l’ancienne danseuse de Maguy Marin, qui a installé sa compagnie depuis plus de vingt ans dans les favelas de Rio, et le projet soutenu et maintes fois revendiqué par Nathalie Marteau : faire du Merlan une scène accessible et ouverte au cœur des quartiers populaires du nord de Marseille. Dont acte avec un week-end entier consacré au travail et à l’univers de la chorégraphe brésilienne, via deux pièces et la projection d’un documentaire. En langue indigène, Pororoca décrit le phénomène de la rencontre des eaux douces du fleuve avec celles, plus salées, de l’océan. Une rencontre douce-amère, donc, capable de générer des changements dans l’écosystème, un peu comme ce mélange de peuples, entre cultures contemporaines et indigènes, dans les territoires des favelas. Avec l’ambition de montrer l’univers de l’artiste, la scène nationale marseillaise présentera également Ce dont nous sommes faits, grand succès à sa création voilà dix ans, où le nu de l’indigène représente le corps social asservi aux desiderata de l’Histoire et des groupes en conflit. Et pour que rien ne nous échappe, dans une volonté toujours didactique de présenter davantage l’ambition d’une artiste au grand cœur que son répertoire, une projection autour du difficile accès à l’art, tant pour les publics hexagonaux que brésiliens, agrémentera cette fin de semaine à l’esthétique sincèrement militante.
Texte : Joanna Selvidès
Photo : Tatiana Altberg
Lia Rodrigues : les 12 (Pororoca) et 13/02 (Ce dont nous sommes faits) au Théâtre du Merlan (Avenue Raimu, 14e). Rens. 04 91 11 19 20 / www.merlan.org