Le Festival des Airs Libres joue cette année la carte du concert en solo : voilà qui ouvre à merveille le champ des possibles… (lire la suite)
Le Festival des Airs Libres joue cette année la carte du concert en solo : voilà qui ouvre à merveille le champ des possibles
Reprenons. Le son ne serait donc qu’une vibration de l’air, vibration perçue par notre système auditif. Du bruit à la musique, il y a plus ou moins d’étapes intermédiaires selon les goûts de chacun, le but ultime étant tout de même un maximum de plaisir dans les oreilles. Vaste débat dans lequel nous n’entrerons pas. Ainsi, les trois musiciens qui participent au quatrième Festival des Airs libres de la Minoterie pourraient nous parler pendant des heures de leur rapport au son, de la technique de leur instrument, de leur place dans le paysage musical. Ils ne le feront pas car ce qu’ils aiment avant tout, c’est jouer et se jouer des théories et autres querelles d’écoles. Ce sont des créateurs inventant leur propre langage, mais leurs univers sont ouverts à tous, on pourrait dire à tous les airs. Pascal Ferrari est bien connu des mélomanes marseillais, pas ceux qui s’exhibent en queue de pie et robes longues les soirs de première à l’Opéra, plutôt ceux qui hantent les lieux étranges, les scènes improbables où Ferrari déploie sa longue carcasse de Lucky Luke qui aurait troqué un six-coups pour une six cordes. Guitariste, mais pas seulement, il a mené en octobre dernier une véritable expérience artistique au long cours : 31 jours ont donné naissance à 31 morceaux, 31 vignettes musicales enregistrées à la maison, aujourd’hui sur un double CD hypnotique, qui constitueront la base du concert de jeudi. Dominique Bouzon vient du jazz, c’est sa maison natale, elle y retourne souvent, notamment lors de duos avec Paul Pioli. Passé la porte, s’offre à sa curiosité un vaste univers lyrique, qu’elle explore munie de sa fameuse famille de flûtes en guise de longue-vue, de son souffle comme boussole. Cette découverte pourrait s’apparenter à l’œuvre d’un peintre puisqu’elle compose des tableaux musicaux envoûtants, touche par touche, en fait couche par couche grâce à l’utilisation d’une pédale de sample. C’est Eric Longsworth qui clôturera cette édition du Festival des Airs libres. Violoncelliste au parcours complet qui lui a permis de naviguer du classique au jazz et aux musiques d’un monde qu’il dessine en deux coups d’archet, il sait installer une ambiance captivante, chargée d’émotions et racontant de multiples histoires. Pour l’anecdote, le titre de son concert — I hear you (Je te comprends) — est la phrase qui lui sauva la vie, dans une forêt de l’Ouest canadien, lorsqu’il la cria à la face d’un ours fonçant sur lui, décontenançant le grizzli prêt à le lacérer (retenons la leçon pour nos vacances pyrénéennes). Chaque soir en ouverture, grâce à l’association Grains de lumière, nos yeux aussi seront sollicités par la projection de films dits expérimentaux, dans le sens où c’est une sacrée expérience de découvrir des images très rares de Miles Davis, Jimi Hendrix, Jethro Tull, Don Cherry, etc… En guise de rappel de ces extraits de concerts filmés autour de 1970 par Steina et Woody Vasulka, un clip des mêmes réalisateurs illustrant littéralement un morceau très célèbre de James Brown… Vous voyez lequel ? Allez, get up !
Texte : Marie Spadaro
Photo : A. Perreault
4e Festival des Airs libres. Du 8 au 10 à la Minoterie. Rens. 04 91 90 07 94