Danses incongrues

Après La Confidence des oiseaux, qui mettait en scène pies, geais et autres volatiles aux petits gabarits, après Swan et ses cygnes immaculés et élégants, Luc Petton poursuit ses chorégraphies ornithologiques dans Light Bird, convoquant sur le plateau la majesté des grues de Mandchourie.

Sur le sol désertique et fluide, aux couleurs fluorescentes mouvantes, qui recouvre le grand plateau de la Criée, les danseurs de Luc Petton évoluent par petits gestes légers et saccadés. Ils dament le pavé avant l’arrivée des interprètes que tout le monde attend, en particulier les enfants. Enfin, les oiseaux font une entrée remarquée, avec leur marche rappelant leurs ancêtres dinosaures et leur allure d’une beauté évidente. Leur singularité et le fait exceptionnel de les voir évoluer sur scène provoquent une fascination assidue pour leur mouvements et leur présence souveraine. Parfois, ils tentent des envolées, contraintes hélas par l’espace restreint, mais pendant lesquelles l’envergure entraperçue de leurs ailes déployées impressionne. Leur grâce évanescente constitue l’essentiel du spectacle qui, on le regrette, manquera ce soir-là d’interactions réelles entre oiseaux et humains (au contraire de Swan, dont la force était l’alchimie sublime entre la danseuse et les cygnes). En ressort un sentiment mitigé sur cet ensemble d’éléments mis côte à côte sans vraiment se rencontrer.
Une œuvre belle et singulière toutefois, même si sujette aux aléas de l’improvisation avec des êtres vivants.

Barbara Chossis

Light Bird par la C^ie Le Guetteur était présenté du 3 au 6/03 au TNM La Criée.
Pour en (sa)voir plus : www.lucpetton.com/fr/