L'interview : Ange B (Fabulous Trobadors)

Invité aux côtés de Manu Théron et Henri Maquet dans le cadre du cycle Polyphonic System, la moitié des Fabulous Trobadors fascine encore. On a profité de l’occasion pour se replonger dans sa discographie, véritablement inclassable, et lui poser quelques questions dans la foulée.

Qu’en est-il des Fabulous Trobadors ?
Ils sont en pause depuis 2006. Une longue pause.

Qu’est-ce qui a changé dans vos revendications, depuis les débuts ?
Rien. Ce ne sont pas des revendications d’ailleurs, mais des propositions.

Vous avez beaucoup parlé d’une Grande Révolution des Quartiers du Monde… La gentrification des centres-villes a-t-elle changé la donne ?
Oui, à Toulouse, les loyers sont chers et poussent des gens à déménager. Mais ce problème ne concerne pas seulement les centres-villes, il y aussi les fermiers, qui se voient désormais obligés de payer l’impôt sur la fortune, alors qu’ils vivent sur leurs propres terres… Les loyers ne baissent pas à Toulouse, avec Airbus, etc. Et puis il paraît que c’est à la mode, Toulouse. Un peu comme Marseille à l’arrivée du TGV…

En 1992, tu sortais Bouducon Production sur le label Ròcker Promocion, qui compte parmi les premiers disques de rap hexagonaux, à mi-chemin entre le français et l’occitan. Comment a-t-il été accueilli par le milieu du hip-hop ?
Le milieu du hip-hop, je sais pas… On était un peu des Martiens quand même, un peu hors milieu. Mais on a eu quelques retours dans les médias hip-hop, à l’instar de RapLine, qui avait fait un petit reportage sur nous.

A l’époque, le rap n’avait rien à voir avec la grande industrie qu’il est devenu. Il était à part, en pleine construction, ça partait dans tous les sens. Ce n’était pas que du rap occitan que nous faisions, avec Bouducon : nous portions les idées occitanes, ses richesses, mais n’avons jamais voulu nous imposer des limites par rapport à ça. On cherchait des sons et des influences partout, et puis le rap, c’était une découverte, une aventure. Aujourd’hui, c’est rentré dans les mœurs. L’invention est ailleurs. L’invention est mouvante. Par contre, nous avions pris conscience très tôt que le rap allait féconder tout le reste, qu’il allait nourrir énormément de choses, transformer des façons de penser, d’écrire. Alors que d’autres n’y voyaient qu’une mode passagère.

En 1992, toujours, tu rappais « Marseille est une capitale ». Que penses-tu de MP 2013 ?
Ah, ça… ça n’a rien à voir avec ce dont on parlait. Je ne sais pas ce que ça va donner. Elle est capitale pendant un an, après elle ne l’est plus, c’est bizarre. Symboliquement, c’est un peu comme si tu avais le droit de parler pendant un an, et après tu te tais. Ça fait artificiel, provincial. Marseille est une capitale, point ! Pas une capitale de quelque chose…

Propos recueillis par Jordan Saïsset

 

Ange B, en concert avec Manu Théron dans le cadre du projet Polyphonic System : le 19/04 à la Machine à Coudre et le 21/04 au Molotov.
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