Catherine Marnas

L’Interview : Catherine Marnas

L’actualité s’annonce chargée en 2013 pour la compagnie Parnas, qui démarre l’année en s’attaquant au Sallinger de Koltès. Rencontre avec la directrice de la troupe.

 

Pouvez-vous nous éclairer sur votre version de Sallinger ?
C’est une pièce de Bernard-Marie Koltès, en référence à Jérôme David Salinger, avec un seul « l », que l’on connaît notamment pour L’Attrape-cœur. La pièce s’inspire d’autres nouvelles de l’auteur dans lesquelles on retrouve des éléments communs, et notamment la famille Glas. Elle débute alors que l’un des personnages, le Rouquin, de retour de la guerre, se suicide. On assiste aux réactions de sa famille et ses amis face au deuil. Il est question de la guerre du Vietnam, une période particulièrement importante dans l’histoire et dont on ne mesure pas totalement l’importance. Elle a pourtant, entre autres, généré la désobéissance des fils par rapport aux pères et amené les bouleversements de Mai 68. Dans la pièce, on assiste à une scène de champ de bataille où l’on ne voit ni corps ni arme, mais la bande son est là pour nous ramener à la réalité des explosions. C’est un spectacle beaucoup plus esthétisant que ce que je fais d’habitude : l’image, la lumière et la bande son jouent un rôle primordial et guident le spectateur entre rêve et réalité.

Une ambiance un peu sombre donc…
Le thème de la pièce est noir de chez noir, mais le rapport à la mort de Koltès est une pulsion de vie totale. Aussi, comme les personnages impliqués dans ce deuil sont jeunes, ils s’interrogent sur leur avenir, et cette question se pose de fait à l’aune de la mort. La pièce est également très drôle. Le personnage du Rouquin, mort mais présent sur scène, se révèle à la fois charmant et odieux. Il n’arrête pas de jurer et lancer des « pauvre con » ! Bien qu’il soit mort, on a l’impression qu’il est le seul vivant.

Parlez-nous un peu de la compagnie Parnas…
Je l’ai fondée en 1986 avec Claude Poinas, après avoir été l’assistante d’Antoine Vitez et de Georges Lavaudant. Elle est implantée depuis un moment à la Friche de la Belle de Mai, où l’on a de beaux studios de répétitions. On prévoit la construction d’un théâtre dont je serai la directrice artistique. Il sera inauguré en octobre 2013. Ce qui m’importe, c’est le contact avec le public, car si le théâtre survit miraculeusement, c’est grâce à la communauté qui se crée à contre-courant. Le théâtre doit être à la portée de tous. C’est pour ça que je crois beaucoup au travail de troupe. Le dialogue artistique avec les quatre acteurs de la compagnie est primordial ; le travail de recherche se fait avec eux. On accorde aussi beaucoup d’importance à l’action culturelle, les rencontres avec les scolaires… La compagnie est particulièrement connue pour son travail en région (Gap, Martigues, Draguignan, Cavaillon…), ce que je trouve intéressant au niveau de la circulation des publics. Il faut que le lieu fédère, établisse des ponts avec les théâtres partenaires plutôt que chacun reste dans son pré carré. Si on met les choses en commun, c’est plus intéressant.

Qu’avez-vous prévu pour MP 2013
La création de deux pièces. La première, El Cachafaz, est un opéra tango écrit et composé par Alain Aubin, sur une pièce de Copi. Pour ce spectacle, quatre-vingt choristes inaugureront notre théâtre. Pour l’autre pièce, Dramaturgie arabe contemporaine, j’ai passé commande à un auteur marocain, Drys Ksikes. Comme pour le roman L’Immeuble Yacoubian, il s’agira de partir sur les traces des habitants d’un immeuble, mais dans une version « Big Brother », traitant des nouvelles technologies.

Propos recueillis par Anthony Michel

 

Sallinger par la Cie Parnas : le 11/01/2013 au Théâtre des Salins (19 Quai Paul Doumer, Martigues).
Rens. 04 42 49 02 01 / www.theatre-des-salins.fr