Guillaume Meurice © Thierry Laval

L’Interview | Guillaume Meurice

Après avoir incarné la grande faucheuse, il se la joue conseiller en communication de Manuel Valls. Surtout, il a littéralement réinventé le micro-trottoir, faisant quotidiennement le bonheur des auditeurs de France Inter et des millions d’internautes qui partagent ses chroniques, dans lesquelles le « comique d’investigation » accouche avec brio de la bêtise humaine. Samedi, Guillaume Meurice fêtera les quarante ans de la Fontaine d’Argent avec son acolyte Alex Vizorek sur la scène du Jeu de Paume à Aix. On a profité de l’occasion pour poser quelques questions au génial — et jovial —rhéteur.

 

Comment on fait pour devenir chroniqueur à France Inter ?
On s’y retrouve par défaut. Mon rêve, c’était de travailler avec Jean-Marc Morandini, mais il y a une limite d’âge. J’ai été refusé. Et rater un casting de Morandini, ça fait mal au cul. Cela dit, le passer, aussi.

 

Comment va la Mort ?
Elle se félicite que Bayer ait racheté Monsanto. Que le pays des droits de l’homme vende par millions de tonnes des armes à tous les tarés de la planète. Qu’il y ait autant de plastique dans les océans que dans le visage d’Arielle Dombasle. La mort est plus vivante que jamais.

 

Malgré la fausse candeur qui émane souvent de tes questions, personne n’a jamais essayé de te casser la gueule ?
Jamais. Et pourtant, niveau musculature, je suis plus proche de l’asperge que de Steven Seagal. Encore que ce dernier ressemble de plus en plus à une vieille otarie sous cortisone. Mais je n’irai jamais lui dire en face. J’ai un physique de lâche.

 

En fin de compte, les réponses de tes interlocuteurs ne te désespèrent-elles pas de la nature humaine ?
Non, parce que je n’ai jamais espéré de la nature humaine. Personne dans la biosphère ne nous surpasse en connerie et en capacité d’autodestruction. Vous imaginez un défilé de bœufs fiers d’exhiber des hachoirs ? Dans notre espèce, ça a lieu chaque 14 juillet sur les Champs-Elysées.

Est-ce que tu ne te sens pas un peu seul dans les médias (mainstream) à combattre l’idéologie néolibérale ?
Aucune idée. Le seul média que je regarde est la chaîne Gulli. Je pense qu’il y a plus de choses crédibles dans les Télétubbies que dans le JT de David Pujadas.

 

As-tu des maîtres à penser ?
Ni Dieu, ni maître, même à penser. Sauf peut-être Robert Ménard. Dès qu’il dit un truc, je pense le contraire.

 

Que penses-tu de tes collègues de France Inter ? Et plus particulièrement de Nicole Ferroni, la fierté locale ?
Nicole Ferroni n’existe pas, c’est un algorithme jumelé à un hologramme. Le résultat est un remède puissant à la bêtise, à la violence, à la paresse intellectuelle.
Pour ce qui est des autres, mon collègue humoriste préféré est Dominique Seux. Il est éditorialiste économique dans la matinale et répète en boucle que le capitalisme est l’horizon indépassable du progrès social. #LOL

 

Pour rester local, tu préfères quoi en PACA : les électeurs FN, les députés « pizzaiolos » de l’Assemblée, les cagoles, les supporters de foot ?
Autre chose ?

Je préfère Eric Ciotti. Il me fascine. Un mec qui a tellement la haine des étrangers qu’il serait capable de déterrer sa grand-mère pour l’expulser en Italie. Dommage qu’il ne pousse pas sa logique jusqu’à l’auto-expulsion.

 

Le jour où tu seras à Aix, ce sera la saint Christian. Un petit mot pour le président de PACA ?
Je trouve qu’on est souvent trop sévère avec Christian. Je trouve ça bien que des personnes en situation de handicap mental accèdent à des postes à responsabilités.

 

Tu as fait tes études à Aix. Que penses-tu de cette ville ? Et de Marseille ?
Aix la bourgeoise. Marseille la prolétaire. Et pile entre les deux, pour préserver la paix sociale, Plan-de-Campagne, une immense zone commerciale. Une belle métaphore de la lutte des classes sapée par la soif de consommation et le marketing décomplexé. Et pourtant… Un Marx, et ça repart !

Pierre-Emmanuel Barré aurait déclaré que tu es tellement bon rhéteur que si tu voulais, tu pourrais monter une secte. A quoi elle ressemblerait, la secte Meurice ?
Vous devriez cesser d’écouter ce que dit cet individu. Il n’est pas composé comme tout le monde de 60 % d’eau, mais de Ricard. La dernière fois qu’il a été aperçu à jeun, le parti socialiste était encore de gauche.

De plus, c’est quelqu’un qui a de très mauvaises fréquentations. J’en sais quelque chose, c’est mon ami.

 

L’an prochain, ton spectacle sera devenu obsolète (ou pas). Qui sera ta prochaine cible ? Comment vois-tu ton futur ? Et le nôtre ?
Aucune idée. Mais j’ai une crainte. Que le monde devienne plus beau. Les humains plus sages. Je deviendrai alors aussi inutile qu’un neurologue dans un commissariat.

 

Ventilo est un journal culturel. As-tu des conseils dans ce domaine pour nos lecteurs ?
L’intégrale des émissions de Cyril Hanouna. Ça vaut tous les documentaires sur la cocaïne.

 

Enfin, as-tu des conseils pour la pêche du silure ?
Oui. Au bout de l’hameçon, il faut mettre un membre du MEDEF.

 

Propos recueillis par Cynthia Cucchi

 

  • Guillaume Meurice – Que demande le peuple ?, avec Alex Vizorek est une œuvre d’art: le 12/11 au Théâtre du Jeu de Paume (17-21 rue de l’Opéra, Aix-en-Provence), dans le cadre des 40 ans de la Fontaine d’Argent.
    Rens. : www.lafontainedargent.com

Pour en (sa)voir plus : www.guillaumemeurice.fr