A quelques encablures de son concert marseillais dans le cadre de la douzième édition du festival Avec le temps, nous avons posé quelques questions décalées à un grand monsieur : Arno Hintjens. Concerné, drôle et émouvant, le Flamand toujours rose nous a régalés.
Arno, vous avez déclaré : « Ce qui est bien avec les strings, c’est que quand tu en mets un à l’envers, tu t’en rends même pas compte. » Avec le recul, regrettez-vous ces propos ou les assumez-vous complètement ?
J’assume, puisque je porte moi-même des strings, surtout les lundis, où je mets un string léopard, et les mardis, avec un imprimé « petits pois-carottes ». Tout ça à cause d’un fabricant de strings que j’ai cocufié. Depuis je paye ma dette, pour éviter le procès. Mais précise à tes lecteurs que la femme du fabricant a aussi couché avec ma copine.
Vous avez également dit à propos de Jus de box, votre dernier album, que vous l’aviez écrit « sans réfléchir, de manière impulsive » : vous vouliez rendre hommage aux footballeurs ?
C’est vrai qu’ils n’ont pas inventé la poudre à couper le beurre, mais ils ne sont pas si cons que ça, enfin, je crois. Si tu veux tout savoir, j’adorais les footballeurs d’avant, Beckenbauer, Cruijff, Platini, Vercauteren, alors que maintenant ils ont tous des cuisses de jambon de Parme et des femmes coiffeuses avec des caniches. Je déteste les coiffeuses, t’as vu ma coupe (rires) ?
Vous avez aussi tenu des propos définitifs sur les femmes qui disaient ceci : « Je préférerais toujours une femme moche qui sourit à une jolie femme qui fait la gueule. » Vous voulez en parlez ?
T’es pas d’accord, tu préfères pas te taper une moche qui rigole ?
Ben, non, à tout prendre je préfère sortir avec les jolies qui font pas la gueule…
Tu verras, avec le temps, tu iras vers la moche qui se marre tout le temps, c’est moins chiant (rires). Attention, je dis pas que je me tape tout le temps des moches, hein, j’ai aimé beaucoup de femmes très belles, j’ai eu des enfants avec elles, mais je regrette pas les moches, vraiment.
Ok. Bashung, auquel on vous compare souvent ici, a chanté Ostende, votre ville natale. Et vous, seriez-vous prêt à rendre hommage en chanson à la sienne, Strasbourg ?
Pourquoi pas, si on met le prix, je suis ouvert comme une vieille pute, je fais tout du moment qu’on me paye. C’est le lot des chanteurs de charme ratés…
On raconte que la Tecktonik vient de Belgique, et vous trouvez ça drôle ?
Drôle, non, très moche, oui ! Mais tu sais, on n’a rien inventé, au début des années 80, l’actrice québécoise Carole Laure moulinait déjà des bras, faisait des chorégraphies bien barrées, y a rien de nouveau dans tout ça. Prends les Franz Ferdinand, ils ont tout pompé sur Gang of Four, comme les hip-hop aux vieux bluesmen. Y a un dicton qui dit « Without roots, no fruits » , voilà.
Attention, voici la question grave de l’interview : si Sarkozy était belge, vous exileriez-vous en France ?
Oh, chacun sa merde, hein. Ton peuple l’a élu, à lui de faire avec…
Mais que vous inspire le bonhomme ?
Il se prend clairement pour Napoléon, il veut tout et tout de suite, il va droit dans le mur, son Waterloo est pour bientôt (rires). Sinon, je crois qu’il a une grosse bite, de la taille de la Tour Eiffel. Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais je pense qu’après chaque 69 avec Nicolas, Carla, prend rendez-vous chez son ostéopathe, la pauvre…
En parlant de grands chanteurs, une de tes copines, Annie Cordy a chanté une sublime chanson Chaud cacao, chaud chocolat. Et vous, vous prenez quoi au petit déj’ ?
Je prends pas de petit déjeuner, j’aime pas le café non plus. La seule chose que je fais le matin, c’est pipi. A la limite, si j’ai vraiment faim, je bouffe du salé. Je suis très poisson cru, saumon, thon etc. D’ailleurs, j’aimerais pousser un coup de gueule : on tue le thon, il n’y en aura bientôt plus dans la mer, c’est dégueulasse.
Le message est passé. Ton compatriote Johnny chantait dans Que je t’aime, avec la fougue qui le caractérise : « Quand tu ne te sens plus chatte et que tu deviens chienne. » Et vous, vous aimez les animaux ?
J’adore les animaux, mais chez les autres. J’ai eu il y a bien longtemps un chien, Oscar, mais il est mort d’un cancer des poumons. Je crois que je lui ai trop fumé dessus. Je l’aimais beaucoup, même si je ne pouvais pas aller au cinéma avec lui. J’ai eu aussi un canari, Oscar, qui…
Excusez-moi, mais tous vos animaux s’appelaient Oscar ou bien ?
Ben oui, c’est plus simple quand tu rentres chez toi, tu cries « Oscar » et tout le monde est content. Bref, pour revenir à mon canari, même s’il sifflait La Marseillaise, il était dépressif, c’est ma faute, je laissais jamais la lumière la nuit. Je l’ai refilé à ma voisine, puis il est mort. Ma voisine aussi d’ailleurs.
Une histoire bien triste… Dans quelques jours, vous serez en concert de par chez nous, allez-vous inviter l’entraîneur de l’OM, Eric Gerets ?
Je sais pas encore, il faut demander à sa femme, c’est elle qui porte la culotte (rires). Plus sérieusement, Gerets est un mec bien, qui ne vit que pour son boulot. Après Goethals, c’est le prochain Belge qui fera gagner Marseille, tu peux me croire.
Sinon, vous croyez que vous allez trouver de la Jupiter (1), la bière belge, dans la ville que l’on surnomme Mars ?
On sent que t’as bien bossé ton interview, toi (rires). Ben, je m’en fous, je bois que du vin rouge, c’est ma vie. J’adore le vin français, comme je dis toujours c’est l’eau de Dieu, quand j’en bois, j’ai l’impression que les anges font pipi dans ma gorge.
Hum, enfin, une petite blague belge pour conclure ?
Allez, va, je vais en sortir une parce que je me suis bien marré. Alors, tu sais pourquoi les vaches se mettent sur le dos lorsque le Thalys est en grève ? Pour pouvoir regarder passer les avions.
Elle est mignonne, vraiment. Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Pour tes lectrices, plutôt, je suis célibataire, hein…
Questions dégoupillées par nas/im et HS, propos recueillis par HS
Photo : Danny Willems
Dans le cadre du festival Avec le temps le 15 à 20h30
Notes- Voulant faire un (mauvais) jeu de mot, nous n’avons pas vérifié que la bière s’appelle Jupiler et non pas Jupiter.[↩]