Je suis contente, mon identité s’est affirmée par rapport au premier, qui était un patchwork de choses écrites au fil du temps, une carte de visite. Celui-là, je l’ai plus pensé comme un roman…
Salut miss ! Bon alors, comment tu le sens ce nouvel album ?
Je suis contente, mon identité s’est affirmée par rapport au premier, qui était un patchwork de choses écrites au fil du temps, une carte de visite. Celui-là, je l’ai plus pensé comme un roman, avec un fil rouge, une homogénéité d’ambiances… Il est plus cohérent dans l’écriture et dans le son aussi, du fait qu’on ait bossé avec les musiciens dans la même pièce en très peu de temps – dix-sept jours de studio. Vincent Segal[1] voulait lui donner cette couleur particulière, ce fut génial de travailler avec lui… Au départ, il n’était pas convaincu par toutes les chansons et m’a donc demandé de les retravailler, d’écrire de nouvelles compos… Il était très exigeant, ça m’a mis la pression ! Puis il a appelé des gens qu’il connaissait depuis longtemps (Cyril Atef, Jeffrey Boudreaux, Dj Shalom…), moi aussi (Thibaud Frisoni, Julien Tamisier…), on savait exactement ce que chacun pouvait amener, c’est allé très vite, d’autant qu’il y avait une super ambiance… J’aime sa façon de réaliser un album, très épurée.
Tu as réuni une fine équipe autour de toi, tu fais de la promo sur France Inter et le service public dans les prochains jours… On a l’impression que V2, ta maison de disques, a mis les bouchées doubles pour celui-là, d’autant que le premier avait un peu été éclipsé par celui d’Anaïs[2]…
Les gens de V2 n’avaient pas été là sur Don Juan, puisque c’est moi qui l’avait autoproduit avant qu’ils ne le récupèrent. Ils avaient donc vraiment envie d’être là sur le second, d’accompagner ce projet depuis le début… Après, pour Anaïs, je ne suis pas sûr que ça m’ait vraiment porté préjudice : ce qui a été dur, c’est qu’à l’époque de Don Juan, V2 a eu cinquante autres sorties à gérer en trois mois, un truc de dingues, et je pense en effet que mon disque est passé à la trappe… En plus, il était sans doute plus ardu que la moyenne pour les médias, qui ne prennent pas forcément le temps d’écouter. Je pense que celui-ci est un peu plus facile à travailler pour eux, début de notoriété aidant…
Tu signes un duo avec Anaïs, qui emprunte pas mal à son registre humoristique. C’est prévu pour sortir en single ?
Non, surtout pas. Déjà, parce que c’est du « sur mesure » pour nous, et que je ne le jouerai pas sur scène puisqu’elle n’y sera pas. C’est une chanson que j’avais écrite pour la tournée que j’effectuais l’an dernier avec elle, en première partie, on trouvait ça chouette d’avoir une chanson à nous… L’enregistrer et la mettre sur l’album, c’était la suite logique : il y a une histoire parce qu’on est potes et qu’on aime la chanson… mais ça reste anecdotique. Je ne crois pas à cette histoire de duo qui peut booster une carrière, j’en ai beaucoup parlé avec Vincent Segal… Le disque marche si il doit marcher. L’argument commercial peut attirer certains regards, c’est sûr, mais je ne pense pas que ça change grand-chose sur le fond.
Ton album s’intitule Je ne suis pas celle : s’agissait-il pour toi, avec ce disque, de nous montrer « l’autre » visage d’Oshen ?
D’abord, c’est un beau titre, esthétique. Et puis cette chanson parle d’un sentiment qu’on éprouve tous à un moment ou à un autre, quand tu as l’impression d’être enfermé dans un carcan, dans ton couple, dans ta famille, dans ton travail… et que tu joues le jeu de cette image alors que tu sens bien que tu es quelqu’un de plus riche, de plus complexe. Par exemple, j’ai longtemps souffert de l’appellation « la sociologue du plumard » qu’une journaliste m’avait collé, hyper réductrice, fausse, ça a été catastrophique pour moi…
On a coutume de dire que les artistes sont de gauche, ce qui est une belle ânerie. Et toi, t’as voté quoi ?
Ségolène ! En ce moment, je lui dédicace une chanson à chacun de mes concerts. Je suis carrément militante, je pourrais en parler pendant des plombes… Je crois que Ségolène est arrivée trop tard, elle n’a pas eu le temps de convaincre les gens, qui ne sont peut-être pas encore prêts à élire une femme… Je ne comprends pas comment il est possible de voter Sarkozy quand tu es artiste. Je suis très inquiète à l’idée qu’il ait les pleins pouvoirs, et c’est pourquoi j’espère que les gens vont se mobiliser pour les législatives.
Quand on s’est connus, tu faisais de la comm’ pour le Moulin, aujourd’hui tu es de retour pour t’y produire en tête d’affiche. Finalement, ça fait quoi de passer de l’autre côté ?
C’est chouette ! Bon, au départ, j’étais quand même artiste, le Moulin a été un passage car je n’arrivais pas à vivre de ma musique. C’était génial de pouvoir travailler dans ce milieu que je commençais à fréquenter, ça m’a appris à voir l’envers du décor…
Propos recueillis par PLX
Photo : ERWAN & SOPHIE www.myriamcorporation.com
Dans les bacs : Je ne suis pas celle (V2)
Le 25 au Moulin avec Usthiax, 20h30. Rens. 04 91 06 33 94
Et en showcase au Virgin Megastore (le 23 à 17h30) et à la Fnac (le 24 à 13h)
www.oshen.info
Notes
[1] Musicien émérite pour –M– et Bumcello, il a réalisé des albums pour Piers Faccini, Jeanne Cherhal, Agnès Jaoui…
[2] Anaïs avait sorti son album à peu près au même moment, sur un créneau similaire et, surtout, la même maison de disques…