L’Interview : Pierre Sauvageot
Pierre Sauvageot
A l’occasion de la cinquième édition de Small Is Beautiful, le directeur de Lieux Publics revient avec nous sur la genèse, le présent et l’avenir de cette belle aventure, et sur les autres projets de la structure consacrée aux arts de la rue.
En guise d’au-revoir au quartier de Saint-André, et avant de rejoindre la Cité des Arts de la Rue, Lieux Publics cuisine en octobre et en direct la recette de la cinquième édition de Small Is Beautiful. Au menu : une vingtaine de compagnies intervenant dans l’espace public sous des formes multiples et dans le triangle communal Martigues/Marseille/Aubagne. L’art, comme la ville, se construisant avec l’habitant, le passant/spectateur est convié à une véritable fête des sens. Les liens tissés entre humanité et urbanité passeront ici par des explorations de la langue et de l’écriture, et là par des sons provenant de baladeurs mp3 ou de skateboards. Tout est prétexte à l’expérimentation artistique et participative de l’espace à l’aide de monuments durables (des fontaines « dansées »), éphémères (un phare d’eau monumental) ou réinventés (la vie d’un escalier racontée par des extraits sonores), et d’objets mobiles (une invasion de fauteuils roulants et un duo improbable avec une pelleteuse)… Dans ces conditions, le territoire aura bien besoin de la thérapie dirigée par l’Agence nationale de psychanalyse urbaine, sous forme d’exploration poétique de l’inconscient martégal.
Comment est née l’idée de Small Is Beautiful ?
Nous avons d’abord voulu amener de petites formes de spectacles européens via In Situ (ndlr : réseau européen au service de la création artistique dans l’espace public) et présenter une vision générale de ce que peut faire Lieux Publics. Ce n’est donc pas un festival, mais bien vingt-quatre propositions artistiques. C’est un banc d’essai pour les artistes et pour exprimer la manière dont on peut réussir à faire une manifestation territoriale.
Cet événement semble être un exemple de la possibilité, pour l’art, de changer une ville…
Effectivement. L’art permet de ré-intéresser les gens à eux-mêmes, à leur propre ville, à l’heure où l’on ne parle de Marseille que pour ses faits-divers, ses expulsions ou ses affaires politiques. Quand le politique le veut bien, il voit l’intérêt des moments de partage que proposent les artistes et qui aident à sortir du repli sur soi. Quand la ville change, elle s’aperçoit que la culture, et l’art en particulier, est un levier important avec des connexions urbaines et économiques.
En quoi cette édition de Small Is Beautiful est-elle différente des précédentes ?
Clairement, elle précise que Lieux Publics avance vers 2013. A titre d’exemple, Step by Step #3 est un spectacle de la compagnie Na Peròne de Kosice, capitale jumelle de Marseille en 2013, autour de la figure méconnue du journaliste américain Varian Fry. D’autres interventions de rue donneront une idée des directions que l’on souhaite prendre pour la capitale européenne de la culture.
Lieux Publics prépare d’ailleurs son ambitieux projet Métamorphoses pour 2013. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous sommes toujours dans l’attente de validation définitive par Marseille Provence 2013. Il s’agira de mêler le monumental à l’intime, de métamorphoser cinq à dix lieux du territoire avec des œuvres impossibles à ne pas voir et autour desquels il se passera toujours quelque chose.
Propos recueillis par Guillaume Arias
Photo : Vincent Lucas www.levillagedesfacteursdimages.org
Small Is Beautiful : du 5 au 16 à Marseille, Aubagne et Martigues. Rens. 04 91 03 81 28 / www.lieuxpublics.com.