Loin de la branchitude électronique locale, le duo marseillais Sugarcraft sort un album réjouissant aux fausses couleurs 80’s. Rencontre avec deux drôles d’oiseaux : John Deneuve et Doudouboy.
Une brève présentation pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas (encore) ?
John : Je suis artiste, j’habite à Marseille depuis dix ans.
Doudouboy : Je suis designer et réalisateur de films d’animation, j’habite à Marseille depuis huit ans. On s’est rencontré à Strasbourg, on s’est vite marré ensemble et on ne s’est plus quitté !
La musique n’est donc qu’une partie de vos activités ?
D : On utilise tous les deux plein de mediums différents : la musique électro, des clips d’animation, des illustrations en 3D, du design d’objet et de la scénographie, des affiches, des émissions radio…
Vous avez emprunté un tas de pseudos un peu loufoques, vous apparaissez souvent déguisés, notamment en animaux. D’où tenez-vous ce goût pour la travestissement ?
J : On aime bien l’autodérision, l’absurde, le grotesque, ça fait partie de notre travail et ça correspond bien à l’ambiance du moment.
D : Ça fait plus de dix ans qu’on fait du son, on a et on fait encore partie d’un paquet de groupes, avec des noms tordus… Les déguisements, c’est vraiment un truc qui fait partie de nous. C’est cohérent aussi avec notre époque un peu débile.
L’humour, est-ce aussi une manière de se démarquer ?
J : Il faut de l’humour, c’est ce qui nous fait avancer. Mais je n’ai pas pour autant l’impression d’être en marge, au contraire, j’ai toujours le sentiment de me censurer.
D : Ça correspond bien à notre vision du monde, même en dehors de la création. Pour accepter l’absurdité des choses, il faut trouver de la beauté dans l’absurdité. Après, je ne me sens pas en quête de marginalité ou d’originalité. Tout ce que je veux, c’est jouer et profiter des occasions de m’amuser.
Quelles sont vos influences musicales ?
Der Plan, D.A.F, X-mal Deutschland, The Normal, Crash Course in Science… En gros, toute cette scène qui partait du punk pour aboutir à la techno indus, avec de bonnes doses de chip music, de disco, d’électro hip-hop à la Company Flow… D’ailleurs, ce côté dansant, new-wave et indus, ressort sur Pornocchio.
Comment définissez-vous cet album par rapport à vos disques précédents ?
J : C’est électro-techno-punk, dancefloor parce qu’on voulait un album disco new-wave, parce que j’adore danser !
D : L’album est 80’s, dans la simplicité des rythmes, les basses post-punk… Mais ce n’est pas du tout un album nostalgique, on utilise des sons et des outils très modernes, notamment sur le traitement de la voix.
A quoi ressembleront les concerts de Sugarcraft ?
D : On peut voir des extraits sur Vimeo : on est déguisés et on joue d’instruments improbables dans une espèce de spectacle de guignol étrange. Par exemple, on joue de la guimbarde vietnamienne, dont les harmoniques se marient super bien avec de l’électro, on dirait un synthé à bouche.
John : On tape sur des bambous et on joue du flexatone, on est comme un brass band Bernard Philippe Lavilliers !
Vous organisez aussi les soirées Marseille-Manhattan. Quel son peut-on y entendre ?
D : On passe de tout, on enchaîne un Line Renaud bien hot après un Major Lazer, du post-punk, du cha-cha, du hip-hop, du zouk du futur…
Quels sont vos autres projets en cours ?
J : J’ai sorti un livre chez Images en Manœuvres, Parade nuptiale, j’ai un album en préparation avec Fred Berthet, et j’ai eu un atelier de la Ville au boulevard Boisson.
D : Je bosse à Marseille, mais j’ai toujours travaillé principalement par Internet avec des gens d’autres villes ou pays. Là, par exemple, on montre des dessins dans le nouveau livre de Pictoplasma édité à Berlin.
Propos recueillis par nas/im
Sugarcraft : le 18 à l’Embobineuse (11 Boulevard Bouès, 3e).
Rens. 04 91 50 66 09 / www.lembobineuse.biz / www.ilovesugarcraft.com / www.rodeogay.fr / www.johndeneuve.com / www.doudouboy.com
Dans les bacs : Pornocchio (Rodéo Gay) – Chronique dès le prochain numéro !