Membre fondateur de feu Rosa et activiste au sein d’Euphonia (laboratoire de création radiophonique), le guitariste a accepté de nous parler, entre autres, d’improvisations et de réseaux. Extraits.
Ta pratique musicale a-t-elle évolué depuis ton expérience au sein de Rosa ?
Avec Rosa, on jouait une musique hybride faite de rock et de jazz, mêlant acoustique et électrique, inspirée par Tom Waits, The Lounge Lizzard, Franck Zappa et John Zorn. Aujourd’hui, je compose ou improvise avec moins d’éléments, mais en les développant beaucoup plus dans le temps. Je cherche désormais à plonger l’auditeur dans quelque chose d’intime et abstrait.
En quoi ta manière de composer diffère-t-elle de l’improvisation ?
Je dirais que la composition a à voir avec l’architecture : construire des éléments qui reposent sur des points d’appuis harmoniques et rythmiques, se jouant d’équilibres et de déséquilibres. Son processus est lent et sa réalisation dépend d’une idée précise. L’improvisation est plus un jeu du hasard, dont la direction est cadrée par une forme d’écriture plus abstraite, celle du geste musical et de l’écoute. Dans mon approche, improvisation et composition proviennent des mêmes inspirations et concourent vers un même but. C’est le chemin qui diffère.
Depuis deux ans, on a pu te voir évoluer au sein de plusieurs duos. Est-ce une forme qui te tient à cœur ?
Le duo est une forme très surprenante car l’expérience y est à chaque fois différente et renouvelée. Je me dirige toujours vers quelqu’un dont j’aime le travail, mais aussi parce qu’il pratique un instrument différent. J’ai par exemple collaboré avec Jean-François Laporte, Nicolas Dick, David Merlo, David Oppetit, Jason Van Gulick…
Quid du projet que tu es en train de développer avec David Merlo et Damien Ravnish ?
C’est un trio rock, qui traverse le post-rock, le math-rock, le krautrock, le blues… Les chapelles m’ennuient. Nos inspirations tournent principalement autour d’Enablers, Shellac, Jon Spencer, God SpeedYou!.
Te sens-tu faire partie d’une contre-culture?
Ni contre-culture, ni pro-culture. J’essaye avant tout de rester libre, de vivre dans le présent, d’éviter les paroisses et être dans le partage, tout simplement.
A l’échelle locale et en tant qu’artiste expérimental, quels réseaux de diffusion sont accessibles ?
Aujourd’hui, produire rime avec résistance. Défendre cette liberté-là relève de l’engagement politique. Et pendant que Marseille joue à 2013 comme la grenouille avec le bœuf, de nouvelles énergies naissent : depuis la Machine à Coudre jusqu’à l’Embobineuse et plus récemment l’Enthröpy, des acteurs spontanés, souvent les artistes eux-mêmes, lancent de belles initiatives. Je pense aux Noise Meeting d’Hervé Boghossian à la Tapis Vert Gallery, à la programmation du Bureau Détonnant ou encore aux concerts du Label Daath proposés par Lucien Zellum à la Galerie des Grands Bains Douches… Ces artistes se bougent, organisent et échangent, utilisent les réseaux sociaux de manière efficace, mais aussi le bouche-à-oreille. Et je m’aperçois que lorsque l’on entend parler, depuis l’extérieur, de ce qui se passe à Marseille, c’est d’eux dont il est de plus en plus question.
Propos recueillis par PM
Infos : www.myspace.com/virgileabela
Il sera en concert le 4/03 avec David Oppetit lors d’une soirée organisée par le label Daath à DATA (44 rue des Bons Enfants, 6e).
Rens. www.daath.org