L’Interview : Yvan Cadiou

Un cuisinier pour un banquet ? Normal. Des cuisiniers lancés dans une performance, à mi-chemin entre cuisine et théâtre, entourés de woks et de musiciens ? Pas banal. Rencontre avec la star des fourneaux marseillais.

Que peux-tu nous dire de cette performance ?
Elle va durer entre trente et quarante minutes. Nous utiliserons sept woks. Cette session, tirée de mon spectacle créé au 104 à Paris, s’appelle Wok Attack. L’idée s’inspire de mes voyages en Chine. J’y ai tourné trente-deux émissions de télé pour l’équivalent local de TF1. Je cuisinais dans la rue, dans la région de Xin Jiang. Cette performance culinaire accompagnée de musiciens est donc un croisement entre ma culture française de voyageur et la Chine. Mais l’on va aussi, dans cette version retravaillée spécialement pour le OFF, intégrer des références aux Grecs et aux Romains…

 

D’où est venue l’idée de marier cuisine et comédie ?
J’ai toujours vu la cuisine comme un spectacle. Le but est de divertir, et quand on reçoit à sa table, c’est pour donner du bonheur. J’ai été victime d’une péritonite à l’âge de six jours, j’aurais dû y rester, et je pense que cette passion pour la nourriture m’est venue à ce moment-là. Je me suis rendu compte, en parlant avec des amis, que les personnes ayant traversé de graves problèmes de santé accordent souvent, dans leurs vies, une grande importance à la cuisine. Et comme je suis aussi quelqu’un qui a, depuis toujours, joué la comédie, marier les deux m’est apparu comme une évidence.

Que représente le OFF à tes yeux ?
L’équipe de Stéphane Sarpaux a vraiment effectué un boulot remarquable, nourri d’un long parcours. C’est un groupe de créatifs, avec énormément d’idées, pas des gens du marketing. C’est, d’après moi, l’équivalent du Off d’Avignon. Mais en ce qui concerne Marseille, le OFF et le In ne sont pas antagonistes. J’apprécie leurs différences.

Penses-tu que Marseille pourrait être une capitale européenne de la gastronomie ?
Il ne faut plus exagérer non plus. Tu me dirais Lyon, je serais d’accord… Après, chaque région a ses talents. Marseille est une ville de cuisine ménagère, populaire, faite à la maison, souvent par les mains des femmes. Il y a toutes les tendances de la Méditerranée qui s’y retrouvent, c’est un cocktail depuis plus de 2000 ans. J’y retrouve énormément de tendances grâce, en premier lieu, au Marché des Capucins, qui est pour moi l’un des plus beaux marchés de France, avec celui de Wazemmes à Lille et celui de Saint-Denis, à côté de Paris. J’ai vécu dans quatorze pays, mais Marseille reste la ville dans laquelle je me sens le mieux.

Propos recueillis par Jordan Saïsset

 

Rens. www.yvancadiou.com