L’orphelinat - (Espagne/Mexique – 1h46) de Juan Antonio Bayona avec Belen Rueda, Fernando Cayo, Géraldine Chaplin…

L’orphelinat – (Espagne/Mexique – 1h46) de Juan Antonio Bayona avec Belen Rueda, Fernando Cayo, Géraldine Chaplin…

Hybride

cine-orphelinat.jpgDepuis belle lurette, la péninsule ibérique a pris l’habitude de nous offrir des films jonglant entre horreur et fantastique de bonne — voire d’excellente — facture. On pense notamment à La Résidence ou encore, plus récemment, à Darkness. Pour L’Orphelinat, l’enthousiasme était de mise. Outre l’attachement de Guillermo del Toro (Le Labyrinthe de Pan) au projet, on voyait réapparaître, à travers l’enfance et la réclusion, des thèmes propices aux ambiances lourdes, inquiétantes ou carrément macabres dont le cinéma espagnol s’est fait le chantre. L’Orphelinat modère cependant assez vite notre enthousiasme. Oscillant dès le début entre série télé de très mauvais goût et déviation Z involontaire (la consternante scène d’accueil des handicapés), entre dialogues insipides (propres à la VF) et technique radicalement balourde, le film nous promet un sale quart d’heure. Pourtant, malgré ces accumulations impressionnantes de clichés scénaristiques et de maladresses professionnelles, quelque chose rôde et nous tient presque en haleine. Insidieusement, le film glisse, vers sa deuxième moitié, dans un monde nauséeux et particulièrement inconfortable. Et nous emporte dans un sillon mortuaire où les symboles se muent en matière formidable en tant qu’ultimes remparts d’une réalité rêvée. Le final, surprenant donc, empreint d’une atmosphère à la fois glauquissime et merveilleuse, relève vivement un plat jusque là plutôt fade. On regrette alors encore plus fortement que Juan Antonio Bayona n’ait pas su gommer la somme d’impairs qui polluent son œuvre pour nous donner à voir un film plus personnel et probablement plus réussi…

Lionel Vicari