Macbeth par la Cie Chatôt-Vouyoucas au Théâtre Gyptis

Le dernier roi d’Ecosse

 

Pour sa vingt-cinquième création, la co-directrice du Gyptis, Françoise Chatôt, propose une vision hybride et très cinématographique de Macbeth.

Le plateau est nu, dépourvu de décor et de mobilier. Il est prolongé vers les premiers rangs en une manière d’avant-scène qui permettra d’user de « gros plans ». Ce premier espace s’achève par un cadre de belle hauteur qui évoque autant un écran qu’un théâtre de marionnettes. Au niveau dudit cadre, une trappe sert de décor à la plupart des meurtres. En fond, longs rideaux noirs et projections d’images travaillées, presque des films, permettent à la forêt d’exister. Une hotte pour les scènes d’intérieur — qui descend des cintres et permet un focus lumineux plus dense sur les personnages — parachève l’impression cinématographique donnée par l’ensemble, à mi-chemin entre film muet et science-fiction.
Le rideau qu’est supposé tendre sur l’atmosphère la noirceur de la pièce est déchiré çà et là par la première image de la forêt, qui s’avère étonnamment lumineuse. Les sorcières s’y révèlent fées et étincelantes de jeunesse, par les accessoires, notamment les armes qui ressemblent à des jouets, et la musique (signée Alain Aubin) qui, par instants, n’hésite pas à manier l’humour. Tout semble être fait pour rendre dérisoires les péripéties et les ambitions, pour insister sur la corruption des existences à l’âge adulte et composer ainsi une ode à l’innocence perdue.

Frédéric Marty

 

Macbeth par la Cie Chatôt-Vouyoucas : jusqu’au 9/02 au Théâtre Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. 04 91 11 41 50 / www.theatregyptis.com