Marika – Peintures, bronzes et sortilèges… à Andiamo
Notre sorcière bien-aimée
Habituée à disséquer les expos des autres pour notre journal, Marika s’expose à son tour aux critiques du public en dévoilant une partie de sa production à la galerie Andiamo. Une exposition où les différentes pièces se nourrissent les unes des autres, suscitant notre curiosité.
Lorsque l’on rentre dans l’espace de la galerie et que l’on jette un rapide coup d’œil aux créations proposées, une référence nous vient immédiatement à l’esprit : le cabinet de curiosités. Ancêtre du musée, ledit cabinet était un lieu étonnant où la collection d’objets les plus bizarres (représentant les règnes animal, végétal et minéral, en plus de réalisations humaines) révélaient un intérêt pour l’accidentel, les forces de la nature qui nous dépassent et les croyances populaires de l’époque. Réactivant ici certains de ces « principes » avec humour et ironie, tout en manifestant un penchant pour les croyances populaires qui forment l’univers de la sorcellerie, les créations de Marika nous emmènent là où l’on ne s’y attend pas. On découvre ainsi un bestiaire pictural auquel elle donne chair par un mélange secret d’ingrédients minéraux et végétaux, des fioles de verre renfermant des spécimens en bronze, des retables d’un nouveau genre où des petits personnages jouent des saynètes incongrues, une boîte en bois que l’on est invité à ouvrir pour ensuite en découvrir le contenu à la loupe… Et si, justement, on regarde tous ces objets d’un peu plus près, on constate qu’une partie tente de détourner et de subvertir les codes et les croyances liées à la sorcellerie, tandis qu’une autre partie semble davantage liée à la création d’un nouveau champ lexical de cette dernière. Cet aspect-là est renforcé par la présence d’« anti-comptines » qui réveillent aussi bien nos peurs d’enfants que notre imaginaire hanté par des forces naturelles et spirituelles inexplicables, tout en nous invitant à donner suite aux bribes de récits initiées par les multiples objets. Et si ces créations faisaient partie d’une cérémonie d’initiation, d’un rituel propitiatoire, d’un acte de divination ou encore d’une pratique thérapeutique et cathartique ? Ici, on l’aura compris, la curiosité raconte, se raconte et nous raconte…
Elodie Guida
Marika – Peintures, bronzes et sortilèges… : jusqu’au 12/05 à Andiamo (30 cours Joseph Thierry, 1er). Rens. 04 91 95 80 88