La réussite de quelques groupes phares masque péniblement une triste réalité : le hip-hop avance à Marseille, comme beaucoup de choses, au ralenti. La première édition du festival Hip-Hop Culture initié par Ahamada Smis tente d’inverser la tendance.
Vu de l’extérieur, le rap à Marseille se porte plutôt bien. Cité en exemple dès que l’on s’éloigne de notre région, il ne bénéficie pourtant ici que d’une visibilité limitée, soutenu par une seule salle de concert spécialisée (L’Affranchi) et ne disposant d’aucun festival qui lui est dédié depuis la disparition de Logique Hip-Hop et la réorientation plus électronique de Marsatac. C’est à partir de ce triste constat qu’Ahamada Smis a eu l’idée de lancer Hip-Hop Culture : « Depuis quelques années, j’organise des soirées au Balthazar, à l’Ache de Cuba, au Café Julien et à L’Affranchi, aujourd’hui j’ai l’impression de combler un vide car sans événement majeur, le mouvement risque de s’essouffler. » La programmation est à l’image de son concepteur : ouverte et éclectique : « Dans ma musique et ma discothèque, il y a de tout : de la soul, du jazz, des musiques africaines… C’est normal que le festival Hip-Hop Culture reflète cette diversité.» On pourra ainsi retrouver le premier soir deux artistes issus d’univers assez différents : d’un côté R.Wan, membre du groupe Java, certainement plus connus des amoureux de la chanson française que des B.Boys, et de l’autre Dj Scratch, producteur et Dj qui a collaboré avec quelques uns des plus grands rappeurs (EPMD, LL Cool J, Run DMC…). Le plateau de la deuxième soirée reste plus classique mais a toutefois le mérite de présenter au public marseillais les rimes subversives de La Rumeur, qui demeure la cible privilégiée d’une censure idiote et aussi le seul groupe français à pouvoir citer Céline sans paraître ridicule. A l’heure où beaucoup d’entre nous s’interrogent sur leur propre conscience citoyenne, Ahamada lui, a trouvé sa voie : « Etre actif, c’est être militant ! », certainement influencé par les activistes les plus éclairés du mouvement hip-hop comme KRS-ONE ou Chuck D. Le temps d’un week-end, au Cabaret Aléatoire, le festival Hip-Hop Culture redonnera à Marseille une place privilégiée sur la cartographie musicale urbaine. C’est bien peu, mais c’est déjà beaucoup.
nas/im
les 2 et 3 novembre au Cabaret Aléatoire
14 euros par soir ou pass 2 jours 25 euros
Rens. 04 95 04 95 04