Marseille 2019, capitale de la dignité ?
Voilà bientôt trois mois que les immeubles du 63-65-67 rue d’Aubagne se sont effondrés, causant la mort de huit de nos voisin.e.s. Que retenir de cette date macabre du 5 novembre ? L’ampleur de la crise du logement à Marseille et en France sûrement : 9 % de l’habitat indigne français est localisé à Marseille, soit environ 40 000 logements concernant 100 000 personnes.
En retenir aussi la petite musique nauséabonde du mépris et de l’indignité vieille de plus de trente ans et que les pouvoirs publics continuent pourtant de jouer : lorsqu’une infime minorité des presque 2 000 Marseillais.e.s évacué.e.s ont été relogé.e.s, que trois élu.e.s ont été épinglé.e.s pour être des propriétaires de taudis, que les petites phrases sur la « découverte » par les délogé.e.s des « croissants qu’on leur sert » fusent, que les familles de victimes n’ont toujours pas été reçues, que la répression policière a causé la mort de Madame Redouane le 2 décembre, qu’aucun deuil officiel n’a été déclaré, l’on a de quoi se demander jusqu’où cela va aller.
Voilà une mairie, une préfecture, une métropole qui continuent comme si de rien n’était. Comment gérer une telle crise lorsqu’on reprend les mêmes formules et les mêmes moyens que ceux qui ont conduit à cette même crise ? Comment résoudre en trois mois des décennies de mal logement organisé ?
Des moyens exceptionnels pourraient être mis en place, des logements vacants réquisitionnés, ou « mobilisés » pour rester poli, des innovations possibles. Pourtant, rien. Retenons alors l’incroyable mobilisation citoyenne, les solidarités qui se sont organisées à Noailles et ailleurs. Saisissons au vol la puissance de ce réveil spontané, de ces 20 000 personnes dans les rues de Marseille le 1er décembre.
Actons notre capacité à proposer et imposer des solutions pragmatiques pour tou.te.s les mal-logé.e.s. citoyen.ne.s solidaires, voisin.e.s, artistes, professionnel.le.s, avocat.e.s, journalistes… d’un même concert, nous avons tenu cette ville debout depuis bientôt trois mois. Nous, seul.e.s.
L’ampleur du drame et de la mobilisation ont démontré l’ampleur de l’incurie municipale et étatique. De nombreux.se.s habitant.e.s de tous les quartiers nous ont rejoints, marqué.e.s par le drame mais également conscient.e.s que le manque de services et d’espaces publics, le délabrement des écoles, le manque de transports, nous touchent du sud au nord de la ville.
Nous nous retrouverons le 2 février dans la rue, en soutien aux délogé.e.s, pour obtenir vérité et justice pour les victimes, pour le droit au logement digne et à la ville dans tout Marseille. Nous nous retrouverons pour nous tenir chaud dans cet hiver politique qui n’a que trop duré, pour nos droits et notre dignité.
Le collectif du 5 novembre – Noailles en colère
Grande marche pour le logement et le droit à la ville : le 2/02 à partir de 14h au départ du Cours Julien.
Rens. : www.facebook.com/collectif5novembre/