Marseille Baltimore : deux villes portuaires sous le feu de séries télévisées
Frais de ports
Ceux qui sont tombés accros à la série américaine The Wire auront sûrement pu constater des similitudes entre une certaine image de Marseille et Baltimore. Le sociologue Jean-Christophe Sevin et le professeur en sciences sociales Arundhati Virmani confirment les ressentis en organisant une journée d’étude autour de « deux villes portuaires sous le feu des séries télévisées ».
Vous n’êtes plus un cas isolé si, en dévorant le quotidien des policiers, dockers, dealers et autres politiciens de la série américaine (à la narration époustouflante) signée David Simon, vous n’avez pu vous empêcher de faire le pont entre cette cité portuaire de l’est américain et Marseille, ville de toutes les ruptures.
Trafics, meurtres, ghettoïsation, corruption à tous les étages, ville-prison… Où commence et s’arrête la caricature ? Peut-on d’ailleurs parler de caricature ? A lire l’auteur américain, et même si son œuvre demeure fictionnelle, il est difficile de penser le trait grossi : on assiste à l’enlisement généralisé de toute une ville, chaque partie entraînant son entourage dans la noyade. Si les choses ne sont évidemment pas comparables de façon frontale, ici, de l’autre côté de l’Atlantique, elles ne s’avèrent pas toujours plus reluisantes. A voir l’état d’une bonne moitié de la ville, il est difficile de cacher les échecs politiques, industriels, sociaux… Pourtant tenus à l’écart des discours officiels. « Pouvons-nous penser que ces deux villes affrontent des phénomènes voisins car partie prenante de la globalisation contemporaine ? », questionnent intelligemment les organisateurs de l’événement. « Pourrions-nous ainsi dépasser les clichés habituels pour aborder des mécanismes complexes et dépasser l’approche séculaire qui domine ces questions ? » Côté cliché, justement : Plus belle la vie bien sûr, série télévisée populaire montée sur un angle pour le moins différent, mais qui fera également office d’objet d’étude au sein d’une série de conférences passionnantes : « Complexité des mondes fictionnels sériels », « French Connection, de la fiction à la réalité », « Débuts et fins, faux débuts et fins interminables », « Le ghetto démobilisé dans la ville néolibérale », « Le port et ses trafics dans le Marseille des années 30 »… Un jour pas comme les autres.
Jordan Saïsset