Hall de l'aérogare de l’Arbois par Gaston Castel © Agam

Marseille, de la ville à la métropole au Hall Castel

Un tour de contrôle

 

A l’aube des transformations d’Euroméditerranée et du sacre de 2013, l’Agam (Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise) prend de la hauteur en proposant une rétrospective des différentes mutations de la cité phocéenne durant les cinquante dernières années.

 

Le lieu de l’exposition est en soi un symbole des mutations de l’urbanisme face à l’évolution des modes de vie et des transports. Initialement construite pour l’embarquement des passagers d’Air France avant leur acheminement vers Marignane, l’aérogare de l’Arbois, achevée par Gaston Castel en 1958, devient inutile trois ans après seulement, suite à la modernisation de l’aéroport. L’endroit, vaste hall dont le plafond est une voûte en pavés de verre, dévoile une rétrospective à la fois thématique (l’évolution de la ville à l’échelle du citoyen, de l’économie ou du territoire) et chronologique (avant 1960, 1962-1975, 1975-1990, 1990-2012). On remonte le temps pour mieux appréhender les mutations actuelles de la ville à l’aide de cartes, photos et films inédits d’époque, prospectives futures et, surtout, d’immenses vues aériennes jalonnant le parcours. Fait particulièrement marquant : l’interaction entre Marseille et les communes alentour dans le tissu économique (Fos, Gémenos), mais aussi dans l’étalement urbain, comme en témoigne le film sur la création de Carnoux, ville nouvelle destinée à loger les rapatriés d’Algérie. Le projet de métropole récemment remis au goût du jour par Jean-Marc Ayrault prend alors, malgré la polémique, tout son sens. Rappelons qu’il fut retoqué à l’époque par Gaston Defferre, soucieux de ne pas s’allier avec les communes communistes.
Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale laissent Marseille avec un déficit de logements, que la décolonisation va amplifier : à partir de 1962, Marseille accueille 200 000 rapatriés. C’est à cette période que débute la construction des grands ensembles, et pas uniquement au Nord de la ville, contrairement aux idées reçues. En témoignent la Rouvière, la Cité Radieuse ou le Parc Sévigné dans le Sud. Autre lieu commun : il ne s’agissait pas d’HLM mais de copropriétés confortables qui offraient salle de bains, vide-ordures et vue dégagée. Les classes moyennes les délaisseront malgré tout au profit d’un fléau urbanistique : le lotissement pavillonnaire, popularisé en 1974 par la « France des propriétaires » de Valéry Giscard d’Estaing. Une histoire en construction.

Damien Bœuf

 

Marseille, de la ville à la métropole : jusqu’9/03/2013 au Hall Castel (16 rue Antoine Zattara, 3e).
Rens. www.marseilledelavillealametropole.com